jeudi 15 juin 2017

Le moulin de Périgné (2)

(suite de l'épisode précédent)




En juillet 1861, M. Joseph Albert, maire de Savigné et propriétaire du moulin dudit nom, demande le règlement du moulin de Périgné, immédiatement en amont de son usine et en aval du moulin de la Baronnière. Après tout, lui a réglé son moulin en avril 1856, il est normal que le sieur Texereau fasse de même. L'enquête de la police de l'eau échoue à lui obtenir satisfaction : Texereau préfère vendre son usine plutôt que de supporter les constructions onéreuses que devaient entraîner un règlement d'eau. Dès-lors, le moulin tombe en ruine.


Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

En 1893, le moulin appartient à la veuve Texier, Marie-Alix Moreau. Alexandre Georges Lagarde, baron de Saignes, alors directeur de l'école de dressage du Centre, résidant du Dorat (son gendre), envisage de reconstruire la retenue, laissée à l'abandon, ce qui lui est autorisé par un arrêté préfectoral en date du 24 janvier 1894.


Demande du baron de Saignes
Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

Toutefois, suite à la pétition de M. Gendraud et divers habitants des villages du Chaffaud et de Chez Rantonneau, une décision ministérielle du 14 décembre 1895, annule cet arrêté — et notamment en raison de vices de procédure. Les habitants de ces villages se plaignent d'être sans eau potable ("ils n'ont que de l'eau malsaine"), et des cas de dyssentrie sont signalés.


Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

Une enquête plus poussée, qui a été régulièrement annoncée, a donnée par la suite les résultats suivants :
  • Vingt-deux propriétaires, colons ou fermiers des villages du Chaffaud et de Chez Rantonneau ont demandé que le niveau de la retenue soit fixé de manière à ce qu'on puisse laver et puiser à la fontaine du Chaffaud.
  • Un autre opposant, M. Chauveau Louis, a protesté parce que les travaux exécutés au moulin de Périgné noyaient un pré qui lui appartient. Enfin, M. Belhoir, au nom de sa mère propriétaire du moulin de Savigné, sis à l'aval, a demandé que la retenue de Périgné soit réglée comme l'avait été celle du moulin de Savigné.
  • Par contre, vingt-deux propriétaires, colons ou fermiers des villages de Chez Chauveau, Chez Brumelot, etc., ont réclamé le maintien des eaux à leur niveau actuel, dans l'intérêt des prairies riveraines de la Charente, entre les chaussées de Périgné et le moulin de la Baronnière, en amont.
  • M. le maire de Savigné, qui a eu à formuler son opinion, a été d'avis de donner satisfaction aux habitants des villages du Chaffaud et de Chez Rantonneau, tout en tenant compte de la protestation des intéressés de Chez Chauveau, Chez Brumelot, etc.
  • M. le sous-Préfet de Civray, a également exprimé l'avis qu'il soit tenu-compte, dans l'instruction de l'affaire, des diverses observations présentées à l'enquête.

Présentation du barrage de retenue

Le barrage de Périgné, reconstruit par M. Saignes et appartenant aujourd'hui à Mme veuve Texier, est situé sur la Charente, dans la commune de Savigné, entre les moulins de la Baronnière, à 1536 m en amont, et celui de Savigné, à 1346 m en aval. Le moulin de la Baronnière est actuellement en ruine, celui de Savigné est en activité.
Le barrage de Périgné se compose de deux chaussées sensiblement parallèles, établies dans le sens du courant de la rivière et reliées à leur extrémités aval par une chaussée traversale sur laquelle s'appuient les bâtiments de l'ancien moulin. La chaussée de droite à une longueur de 112 m, celle de gauche a une longueur de 89 m. Les longueurs formant déversoir ont respectivement 94 m et 56 m et sont en moyenne dérasées aux cotes 8,392 et 8,358, le repère provisoire des opérations étant à la cote 10,000.


Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

C'est dans le corps de ces chaussées que sont pratiqués deux pertuis de décharge définis par les éléments ci-après :
  • petit vannage, chaussée gauche, largeur 0,75 m, hauteur 1,13 m, cote du seuil 7,228.
  • grand vannage, chaussée droite, largeur 1,60 m, hauteur 1,228, cote du seuil 7,07.
Ces ouvrages sont munis de crics et crémaillères en fer et peuvent se lever la 1ère vanne de 1,73 m et la 2de de 1,688 m.


Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

La Fontaine du Chaffaud


La fontaine du Chaffaud pour le fonctionnement de laquelle les habitants des villages du Chaffaud et de Chez Rantonneau réclament l'abaissement du niveau de la retenue, est située à 590 m en amont des bâtiments de l'ancien moulin de Périgné, près de la rive droite de la Charente. Cette fontaine, au pied d'un coteau très escarpé, a la forme d'un rectangle, taillé dans le rocher, ayant 1 m sur 2,40 m. Elle est divisée en deux parties par un mur dont il reste quelques traces : les premières assises. La première partie, de 1 m sur 0,55 m, constituait l'œil de la source, la seconde partie, non limitée du côté de la Charente, est encore munie à l'amont de pierres inclinées formant lavoir. On accède à cette fontaine par un sentier taillé dans le rocher : ce sentier, difficilement praticable, aboutit à une large pierre, touchant à l'œil de la fontaine, sur laquelle on se pose pour puiser. Le dessus de cette pierre plate, sensiblement horizontale, est à la cote 8,351, le fond de la fontaine est à la cote 7,451, et la hauteur d'eau au-dessus de ce font est de 0,91 m, lorsque les eaux sont retenues au barrage à la cote 8,358, c'est-à-dire que le plan d'eau normal de retenue atteint, au droit de la fontaine, la cote 8,361.


Archives départementales de la Vienne, cote 7 S 20

Les terrains avoisinants

Les près appartenant à M. Chauveau Louis, qui a également réclamé l'abaissement du niveau de la retenue, sont situés sur la rive droite de la Charente, à 1 km environ en amont de Périgné. Ils présentent des points bas aux cotes 8,406 et 8,356 sur les parcelles cadastrées n°1484 et 1485, le niveau de retenue au droit de la parcelle étant à la cote 8,366.

Les prairies — pour lesquelles les habitants de Chez Chauveau, de Chez Brumelot, de la Chauvellerie, de la Baronnière, etc. demandent le maintien de la retenue à son niveau actuel — sont situées en amont du barrage de Périgné, sur les deux rives de la Charente.


(À Suivre)

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