samedi 16 décembre 2017

Le docteur Maltête

Le docteur Maltête, qui a suivi l'agonie du pauvre Degorce (voir l'Affaire Blondel & Porée — en 1877), porte mal son nom...

Jean Gabriel Alexandre Mathurin Émile Malteste, né le 23 juin 1841 au village de Chez Souan, à Moutardon (commune désormais rattachée à Nanteuil-en-Vallée en Charente), est le fils de François et de Marie-Élisabeth Clémence Charrière.

Après ses études, il est docteur en médecine de la Faculté de Paris et est attaché au service médical du 13e bataillon de la garde nationale mobilisée à Paris durant la guerre de 1870. Il participe notamment aux combats à Noisy, à Bobigny et au Drancy.

Médecin à Charroux, il est l'époux de Nelly Paris. Son premier enfant naît à Charroux.

AD86 en ligne, Charroux, N - 1873-1879, v. 83/113

Il est alors délégué cantonal et médecin inspecteur des écoles puis chargé de l'inspection des enfants assistés (médaille d'argent en 1887). Il habite ensuite à Nanteuil où il est adjoint au maire de 1888 à 1896. Enfin, il déménage à Ruffec.

La liste des charges qu'il occupe par la suite est impressionnante, notamment :
  • médecin de prison depuis 1886.
  • président de la commission d'inspection des pharmacies et épiceries de 1886 à 1907.
  • médecin des épidémies depuis 1886 (médaille de bronze en 1908).
  • officier d'académie en 1897.
  • médecin en chef de l'hospice depuis 1896.
  • médecin des chemins de fer de l'État.
  • officier de l'instruction publique en 1903.

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du ministère de l'Intérieur en date du 17 janvier 1911. Son dossier précise qu'il meurt centenaire.

Extrait du dossier LH/1711/67 de la Base Leonore

dimanche 3 décembre 2017

Les Roux du moulin des Âges

Les histoires post-révolutionnaires des moulins du Tan et des Âges sont intiment liées par le jeu des alliances familiales.


Le couple important et fondateur de cette histoire est formé par Jean Bert et Marguerite Chopin.
Jean Bert, baptisé le 22 février 1711 à Saint-Saviol, est le fils de Jean, laboureur, et d'Anne Brothier.
Marguerite Chopin, née vers 1710, est la fille de Jean Chopin et d'Anne Garreau, issue d'une famille marchande de Savigné.
Leur alliance se joue le 24 août 1740, à Civray : Jean Bert épouse Marguerite Chopin, tout comme Jean Chopin épouse Marie Bert — frère et soeur pour sœur et frère.

Jean Bert et Marguerite Chopin ont sept enfants connus :
  • Louis, baptisé le 11 mars 1745 à Civray, dont je n'ai pas retrouvé de traces dans les registres.
  • Antoinette, baptisée le 24 février 1750 à Civray, qui y épouse, le 16 octobre 1771, Pierre Fombelle, laboureur originaire de Limalonges, fille de Pierre et de Marie Martin. Le couple s'installe à Saint-Pierre-d'Exideuil et a au moins quatre enfants, dont un seul survit au passage de l'âge adulte : Jean Fombelle, baptisé le 28 janvier 1783 à Civray. Nous en parlerons plus tard. Antoinette Bert décède le 26 décembre 1788, son mari le 20 brumaire de l'an X (30 octobre 1801).
  • Julie Marie, baptisée le 11 septembre 1752 à Civray, qui y épouse, le 6 février 1779, Pierre Gallais, fils de Jean et de marie Longeau. Il est meunier au moulin Minot, à Saint-Pierre-d'Exideuil, jusqu'à son décès le 17 novembre 1795. Son épouse est meunière au même lieu jusqu'à sa mort, survenue le 26 mai 1815.
  • Jeanne, née vers 1753, qui épouse, le 5 février 1781, à Charroux, Jean Villesange, meunier, fils de Pierre et de Marie Martin. Son mari décède le 10 août 1793, et elle est meunière au moulin de Jouet, sur cette commune de Charroux, jusqu'à son décès, le 11 août 1817.
  • Jean, né vers 1755, qui épouse, le 27 novembre 1780, à Charroux, Jeanne Villesange, soeur du précédent et veuve de Louis Martin, boulanger. Le couple n'a pas d'enfant, et Jean devient meunier au moulin du Tan, du moins de 1807 jusqu'à sa mort, survenue le 15 septembre 1818.
  • Pierre Bert, baptisé le 10 novembre 1757 à Civray, qui épouse, le 5 février 1781, à Charroux, Marie Villesange, autre membre de la fratrie. Pierre Bert est, après la révolution, meunier au moulin des Âges, et l'est jusqu'à sa mort, le 17 avril 1819. De leur union, ils ont quatre filles : Jeanne-Marie, Marguerite, Louise et Jeanne.
  • et enfin Marguerite, baptisée le 29 mars 1764 à Civray, qui y épouse, le 19 février 1783, Jean Gallais, meunier à Saint-Pierre-d'Exideuil. Veuve, elle se remarie, le 1er brumaire de l'an III (22 octobre 1794), à Pierre Sabourault, aussi meunier.

Après la révolution, les deux frères, Jean et Pierre Bert, sont donc usiniers des deux moulins les plus en aval du fleuve sur la commune de Savigné (Les Âges et le Tan), et le sont jusqu'à leur décès, à peu près contemporain.
Jean Fombelle, fils orphelin de Pierre et d'Antoinette Bert, a dû être intégré dans la famille de son oncle Pierre Bert. Pierre Bert, chez lequel justement il est chasseron, lorsqu'il épouse, le 19 octobre 1807, à Savigné, sa cousine Jeanne Marie Bert. À la mort de son oncle Jean Bert, il devient le meunier au moulin du Tan, jusqu'à son décès, survenu le 23 janvier 1839. Ce mariage est l'occasion de réunir toute la famille — en tant qu'orphelin, Pierre Fombelle reçoit l'agréement de toute la famille :

AD86 en ligne, Savigné, M - 1805 (an XIV)-1812, v. 25/110

Étienne Roux est le fils de Pierre Roux, alors meunier originaire à Château-Garnier, et de Catherine Peignier. C'est le plus jeune enfant du couple, et le seul à être né à Savigné — où il est baptisé le 7 avril 1787, car son père y est brièvement meunier, à Périgné. Il est un des domestiques de Pierre Bert, aux Âges, lorsqu'il épouse, le 20 novembre 1811, à Savigné, une des filles de ce dernier, Louise Bert. Tout comme Jean Fombelle au Tan, Étienne Roux va succéder à son beau-père aux Âges.
Chez les Roux, on est meunier de père en fils depuis au moins 3 générations, du moins, jusqu'au début des registres paroissiaux, et encore, quand les actes sont propices aux détails sur les professions.  Étienne Roux meurt au moulin le 15 novembre 1833, et son épouse continue l'activité, jusqu'à ce que leurs enfants soient en âge de travailler. La tradition familiale se poursuit, avec les enfants du couple, parmi lesquels Jean, né le 20 janvier 1817, Louis, né le 11 février 1821 et Étienne, né le 13 avril 1826. Après son mariage en 1838, Jacques Fombelle, leur gendre et fils de Jean et de Jeanne Marie Bert — époux de Jeanne Roux — les accompagne.

L'activité se réduit et la famille compte les disparitions : Louise Bert, maîtresse de maison, décède le 21 octobre 1856, son fils Louis Roux meurt aux Âges le 4 février 1872 (côté Civray), suivi par son frère Jean, le 8 mars suivant (aussi aux Âges de Civray). Jacques Fombelle, veuf, se remarie et quitte la profession pour élever des cochons au Breuil-Margot.

Seul Étienne poursuit l'activité, jusqu'à au moins 1881. Il meurt le 12 novembre 1905, mais n'exerce plus depuis longtemps.

Des trois garçons d'Étienne Roux et de Louise Bert cités précédemment, seul Louis s'est marié : il a épousé Marie Tabarin, le 18 août 1858, qui lui a donné Pierre Henri — bourrelier au Âges en 1881, et Eulalie, qui épouse, le 5 janvier 1881, François Gervais, cultivateur au Magnou.


Comme vu précédemment, le moulin appartient au pharmacien Peyramaure en 1884. À ce moment-là, le moulin n'est déjà plus en activité. François Gervais est justement le fermier qui s'occupe de la propriété, en 1905.



samedi 2 décembre 2017

Marie L'Étoile-d'Or

A la recherche de meuniers et d'ouvriers de la meunerie sur Savigné, j'ai l'occasion de vous présenter une personne qui portait un des plus beaux patronymes du secteur.

L'an mil huit cent seize, et le quinze décembre à sept heures du matin, pardevant nous Jean-Baptiste Marie Gay de Puy d'Anché, maire officier de l'état-civil de la commune de Sauzé-Vaussais, chef lieu de canton, département des Deux-Sèvres, est comparu le sieur Lubin Beaubeau, brigadier de la gendarmerie royale, âgé de trente-trois ans, demeurant en cette commune, qui nous a déclaré qu'à l'instant et étant seul, il a trouvé un panier suspendu par un crochet en bois et attaché à une boucle de fer placée à côté de la porte et principale entrée de la maison de Jean Compagnon, aubergiste ou pend pour enseigne l'Étoile d'Or, située à Sauzé près le grand puits, qui, ce panier, contient un enfant tel qu'il nous le présente, emmailloté dans une petite chemise, deux langes en toiles ordinaires et deux en étoffes grises connues sous le nom de Ferget, et une troisième en même étoffe couvrait l'enfant, qui était sur un peu de foin, herbe, luzerne ; ayant visité ses effets, il en s'est trouvé aucune marque ; sur une des langes était attaché par une épingle un petit morceau de papier contenant ces mots : "Recommande faire le Baptême". Après avoir visité l'enfant, avons reconnu qu'il était du sexe féminin, qu'il paraissait être né de la nuit dernière, et ayant visité le dit enfant, il ne s'est trouvé avoir aucune marque sur le corps, ni n'avons trouvé aucun atre écrit que celui dont il est ci-dessus parlé. De suite avons inscrit l'enfant sous les noms et prénoms de L'Étoile-d'Or, Marie, et avons ordonné qu'il fut remis à Marie Augé, femme de Jean Catineau, journalier, demeurant à Sauzé, commune de Sauzé-Vaussais; de quoi avons dressé procès verbal en présence des sieurs Pierre Rousseau, adjoint de cette mairie, âgé de quarante-quatre ans, et Louis Neau, âgé de quarante-cinq ans, gendarme royal, demeurant tous les deux en cette commune, qui ont avec nous signé. Après lecture leur a été faite du contenu au présent procès verbal.

AD79 en ligne, Sauzé-Vaussais, N - 1803-1822, v. 231/319

AD79 en ligne, Sauzé-Vaussais, N - 1803-1822, v. 231/319

Cette enfant devenue femme est assistée de François Bouhier, colon demeurant à la Blottière de Champniers, devenu son tuteur ad hoc, lorsqu'elle se marie, le 20 janvier 1836, à Charroux (où elle est domestique), à Pierre Serin, tisserand audit la Blottière, natif de Pleuville (Charente), fils de Jacques et de feue Élisabeth Guinaud.

Le couple s'installe à l'Érable et Marie L'Étoile-d'Or y décède le 1er novembre 1896. Son acte de décès est rédigé en présence de Pierre Serin, son fils, négociant en vins et ancien meunier au moulin de Savigné — celui-ci est né le 26 janvier 1837.

C'est en cherchant des renseignements sur ce fils, Pierre Serin, que j'ai trouvé une annotation intéressante : il apparaît que Marie L'Étoile-d'Or était la fille de Jeanne Mangout, et c'est mentionné dans l'acte de naissance de son fils. Cette filiation est totalement occultée lors de son décès, puisqu'elle y est mentionnée née de mère et père inconnus.