lundi 17 novembre 2014

Copie des registres | 15 février 1790

Déclaration de messieurs les chapelains de la baye[1] de Charroux, enregistré le 15 février 1790

Extrait de la déclaration que rendent et par devans messieurs les officiers municipaux de la ville et paroisse de Charoux, messieurs les chapelains des chapeles de St Michel et de St Embroise dudit Charoux, des biens, droits et revenus des dittes chapelles.
Plus il est du audit collège, la rente noble noble de deux Bx[2] fromans, deux Bx seigle mesure de Civray, pour les deux dues sur la tenue des ageons[3] des dépendances du village de la Choffière, en la paroisse de savignié.
Plus une rente noble de quatre Bx seigle, même mesure de Civray, düe sur la tenue appelée des Embroisiens des dépendances du village du grand lizac, même paroisse de savignié, je certifie et affirme sincère et véritable le susdit extrait. Signié Laborderie, religieux de charroux et fondé de procuration de messieurs les chapelains de St Michel et de St Embroise de Charoux.
Plus est du au petit couvent une rente foncière de de douze boisseaux seigle, douze Bx avoine, mesure de Civray, et de deux chapons, sur le village et dépendances du village du chafaus sur la paroisse de savignié.
Plus une rante seconde de cinq livres en argent sur le pré de la darb, des memes dépendances et dans la même paroisse. Certifié et affirmé sincère et véritable, le susdit extrait : Laborderie — religieux et agent et syndic du chapitre de la baye de charoux.

[1] — l'abbaye
[2] — boisseaux
[3] — peut-être ajoncs

mercredi 12 novembre 2014

La margelle de Fayolle

Comme le signale Brouillet, il existe dans l'arrondissement de Civray « plusieurs fosses circulaires dont les dimensions offrent de grandes variétés. Ces dépréciations de terrain sont-elles uniquement le fait de la main de l'homme et les eaux, qui ont couvert la surface du globe, n'ont-elles pas ébauchés ces vastes entonnoirs dont le diamètre et la profondeur de quelques uns semblent éloigner toute pensée de travail humain ? Cependant, leurs positions presqu'uniformes sur des points culminants, près d'enceintes ou de quelques autres monuments présumés d'origine celtique, donnerait à croire que des hommes ont achevé ce que la nature avait peut-être commencé ». M. Ferret a reconnu, dans la cité de Limes auprès de Dieppe, des « habitations composées de fosses circulaires qui probablement étaient recouvertes de branches d'arbres, etc ».
La margelle (ou fosse) de Fayolle (fig. 1) est « située sur un vaste plateau et ne laisse voir autour d'elle aucun trace des terres qui en ont été retirées. Elle a, à peu près, 258 mètres de circonférence sur 6 à 8 m de profondeur. Au sud et à l'est, sur les bords de cet immense cône renversé, existent deux petites enceintes en terre, de forme allongée et irrégulière, faites dans un but de défense ».


L'enceinte au sud de la fosse, comme le décrit Brouillet, a « 24 m de l'ouest à l'est et 20 m du nord au sud »On y pénétrait par une seule porte bien visible et située à l'est. Des traces de fossés avec parapets venaient se relier à cette enceinte et s'étendaient du nord au sud (fig. 2). La seconde enceinte, située au nord-est de la fosse, a 27 m du nord au sud et 19 m dans sa plus grande largeur, de l'ouest vers l'est (fig. 3). Elles se composent de remparts de terre mêlée de pierres qui ont encore, dans certains endroits, près de 2 m de haut ; des fossés, au trois quarts comblés, mais encore apparents, étaient en avant de ces parapets ».
« L'endroit où sont situées ces enceintes et cette fosse est un point très culminant qui domine les terrains voisins, et qui fait face aux retranchements des Ages ».

Extrait de l'Indicateur archéologique
de l'arrondissement de Civraip. 275



Sources :

  • Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai : depuis l'époque anté-historique jusqu'à nos jours, pour servir à la statistique monumentale du département de la Vienne, Pierre-Amédée Brouillet, 1865.

mardi 11 novembre 2014

Le Castel du Boux


Le Boux était une très humble gentilhommière du XVIème siècle.
Telle que la décrit Brouillet en 1865, « une petite tourelle ronde, isolée, servant de colombier, apanage de la noblesse, s'empresse de montrer aux passants l'écusson armorié de son seigneur et sa girouette rouillée qui crie sur son épis de maïs (voir ci-contre). Les fenêtres du logis sont carrées, divisées par des meneaux de pierre à moulures prismatiques. Les cheminées sont vastes et sans ornements.
Il appartient à la famille de Chergé ».

Le bâtiment existe toujours (en 2014). La tour a été démolie.



Sources :
  • Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai : depuis l'époque anté-historique jusqu'à nos jours, pour servir à la statistique monumentale du département de la Vienne, Pierre-Amédée Brouillet, 1865 ;

samedi 1 novembre 2014

Édouard Buchey, chirurgien-dentiste du roi

Ier.

Rio de Janeiro, 1822. Pour obtenir la libération de son mari, le célèbre naturaliste Aimé Bonpland, retenu prisonnier par le dictateur du Paraguay, Adeline Bonpland se lance dans une véritable odyssée à travers les jeunes nations sud-américaines. De la cour de Pedro 1er au Brésil en passant par Buenos Aires, Montevideo, Santiago, Lima et La Paz, sa quête est marquée par les épreuves, le doute et les rencontres. Le charme ambigu qui nimbe sa personnalité va de pair avec le romanesque de sa vie. Ce récit vient combler le vide biographique qui entoure cet énigmatique personnage.

Tel est l’accroche du livre d’Alain Couturier1, transcrivant la vie d’Adeline Bonpland, de son vrai nom Anne Marguerite Delahaye, née en 1791 à Paris. De son premier époux François Boyer, qu’elle avait épousé — probablement par arrangement — en 1806, elle eut une fille Emma, en 1810, qu’elle emmena avec elle en Amérique du Sud, puis confia au couvent Saint-Michel de Paris. Emma, ayant trouvé une place de demoiselle de compagnie chez la princesse de Nassau, y rencontra Édouard Buchey, chirurgien-dentiste, protégée par Marie-Françoise Maximilienne de Monbarey, fille émigrée d’un ancien ministre de Louis XVI, et épouse du dernier prince de Nassau-Saarbruck. « J’ai un mari que j’adore, deux jolis enfants… Il me rend la femme la plus heureuse du monde », écrivait Emma en 1835.
Édouard Clémence Peuteste Buchey était le fils de Pierre et de Marie Delaroche. De cette ascendance, je n'ai que peu d'élément, si ce n'est que Pierre Buchey, artiste dramatique natif d'Angoulême et vivant à Cassel en Westphalie, mourut le 30 janvier 1814, à Mayence, à l'âge de 50 ans — fils de Nicolas Buchey et de Marie Biscuit, il s'agit donc très certainement du 4e Pierre, baptisé le 12 août 1760 à Saint-André. Il laissait son fils, adolescent de 14 ans.
Celui-ci épousa, Emma Boyer par contrat du 14 juillet 1830, devant Bouard. La cérémonie eut lieu le 15 janvier 1830, à Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris, 1er arrondissement.
Édouard Buchey se voulait innovant dans sa profession : « Maladie des dents — M. Buchey, chirurgien dentiste, a fréquemment employé la monésia ; il a remarqué qu’il ralentissait la marche de la carie et la destruction des dents ; il a observé qu’uni à l’extrait d’opium et introduit dans la cavité d’une dent douloureuse, il avait souvent calmé les douleurs plus efficacement que l’opium seul. M. Buchey recommande l’usage habituel de la teinture pour entretenir le bon état des gencives2. »
Édouard Buchey décéda le 3 octobre 1852 à Paris, dans le 1er arrondissement ancien, et Emma Boyer mourut le 1er mars 1886 à Paris, 9ème arrondissement. D’après une lettre du notaire d’Emma, datée de 1874, à la commission de reconstitution des actes d’état civil de Paris, Édouard était né à Hambourg (Allemagne) en 1800, d’un père qui était négociant à Mayence (Allemagne). Dans une lettre datée de 1835, Emma indiquait que « la princesse de Nassau lui a tenu lieu de mère ».
Édouard Clémence Peuteste Buchey (~1800-1852), époux d'Emma Adeline Boyer
Marie-Ernestine Buchey
(1831-?),
épouse de Laurent Evasio Obiglio
Arthur Émilien Buchey
(1835-1888),
époux de Marie Marques
Marie-Emma Buchey
(1837-1914)
Pauline Annette Obiglio
(1853-?),
épouse d'Eugène Cretté
Irma Marguerite Obiglio
(1858-?),
épouse d'Alfred Bazile Colas
Germaine Olivia Colas
(1883-1951)

Arthur Émilien Buchey, naquit le 16 janvier 1835 à Paris. Il était receveur des contributions directes à Mascara (Algerie), lorsqu’il épousa, le 10 novembre 1875, en la dite ville, Marie Marques, née le 12 janvier 1850 à Alger, fille de feu Christoval Marques et de Magdalena Mercadal. Au décès de sa mère, il tenait la même charge à Dellys (Algérie), et il mourut le 28 février 1888 à Mustapha (Algérie). Sa veuve vécut par la suite à Alger, où elle mourut le 29 septembre 1906.
Marie Emma Buchey, professeur de piano, demeurant à Paris, n°7 place Breda (actuellement n°35 rue du Rocher), naquit le 22 septembre 1837, à Paris, ancien 1er arrondissement, et mourut en 1914. 
Marie-Ernestine Buchey, aînée des enfants d’Édouard Buchey et d’Emma Boyer, naquit le 6 janvier 1831, à Paris, ancien 3ème arrondissement. Elle épousa, le 10 novembre 1852 à Paris, ancien 1er arrondissement, Laurent Evasius Marie Obiglio, chirurgien dentiste, qui mourut le 29 juin 1858 dans l’ancien 1er arrondissement. En 1886, à la mort de sa mère, elle était internée à l’asile psychiatrique de Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne), ayant pour tuteur Étienne Molly, rentier à Tournan (Seine-et-Marne). Pauline Annette, leur fille aînée, née le 9 août 1853 dans l’ancien 1er arrondissement de Paris, épousa, le 6 avril 1881, à Paris, 9ème arrondissement, Eugène Cretté, commis d’agent de change à Maisons-Laffitte, né le 20 février 1851 à Versailles, fils de Prosper Louis Cretté et de Félicie Léonie Meysenberg. Elle était, avec sa sœur, bénéficiaires du testament de leur grand-mère Emma Boyer, déposé le 2 mars 1886 chez maître Duplan, notaire à Paris (avec un inventaire après décès du 15 juin suivant auprès du même notaire, de même que le règlement de la succession réalisé le 17 juillet 1886).

II.

Sa sœur, Irma Marguerite, naquit le 13 juin 1858 dans l’ancien 1er arrondissement de Paris, et épousa, le 24 novembre 1886 à Paris, 8ème arrondissement, Alfred Bazile Colas, ingénieur, né le 27 décembre 1848 à Acquinis (Yonne), fils de Charles Téchy Colas et de Marie Angélique Navotte. Ils légitimaient une fille née avant leur union : Germaine Olivia Colas. Celle-ci naquit en effet de père et mère inconnu, mais fut par la suite reconnue par ses parents par acte du 23 mars 1886 passé devant Georges Magese, notaire à Paris. Il eut une vie d’aventurière et d’escroqueuse, faisant la une des quotidiens du début du XXe siècle. Entre autres, durant l’été 1934, se disant « baronne de Wallenstein », elle vola de nombreux ouvrages originaux chez des libraires crédules, acceptant ses explications d’un projet de librairie française à Bueno Aires. Elle fut arrêtée l’année suivante, et condamné à deux ans de prison (il s’agissait de sa quatrième condamnation).
Le 5 février 1938, les autorités l’arrêtèrent dans un hôtel parisien, 32 rue Joubert, après avoir dérobé pour 320.000 francs d’objets d’art à un amateur américain, qui les lui avait confiés. A ce moment-là, l’escroqueuse était connu dans toute l’Europe sous les noms de Claire Gérard, de Gérard de Jorsels ou de Mme de Wallenstein. 

L'Humanité,
6 février 1938
Le Populaire,
6 février 1938

Elle décéda le 30 octobre 1951 à Villejuif (Val-de-Marne).



1 — Adeline Bonpland, voyage dans l’Amérique des Libertadores, par Alain Couturier, 2012
2 — Annales de Médecine Belge et étrangère, par J.-E. Lequime, tome 1er, 1841, p. 161.

dimanche 21 septembre 2014

lundi 7 juillet 2014

Tranche-Montagne

Tiens, l'autre jour, j'avais un déplacement sur l'île de Ré et ma route a croisé l'imposant Fort de la Prée. J'ai aussitôt pensé à Tranche-Montagne, personnage énigmatique originaire de Savigné, l'un des invalides relevés par la base de données de l'Hôtel des Invalides.



Le Fort de la Prée, d'après le Conseil Général de la Charente-Maritime, est le plus ancien témoignage de la fortification classique du département. Construit en 1625 sur l'ordre de Toiras par d'Argencourt et Le Camus, son plan adopte la forme d'une étoile à quatre bastions effilés reliés par des courtines semi-circulaires « en cul-de-chaudrons » et doublés par une enveloppe côté front de terre. En 1627, les troupes françaises l'utilisent pour prendre à revers l'armée de Buckingham stationnée à Saint-Martin-de-Ré. L'étroitesse du fort obligera l'architecte Blondel sur ordre de Colbert a agrandir ses défenses par une deuxième enceinte en 1664 puis une troisième en 1672. Le fort, considéré par Vauban comme « de peu d'intérêt », sera armé jusqu'en 1875, et déclassé en 1934.

Vue du Fort

Actuellement, des travaux sont en cours pour restaurer une partie du rempart à la mer. Sollicités par la mer en février 2010, lors de la tempête Xynthia, 100 mètres de rempart sont rénovés avec des pierres de tailles provenant de la Vienne et mise en oeuvre suivant les techniques habituelles.



Tranche-Montagne, alias Pierre Petit, naquit à Savigné vers 1668. Lorsqu'il fut inscrit dans les registres de l'Hôtel des Invalides, le 19 octobre 1721, il était sergent du sieur de Laudun, dans le régiment de Navarre, dans lequel il avait servi pendant 34 ans. Son congé, daté du 7 juillet précédent, était motivé par de nombreuses blessures reçues en diverses occasions, qui le mit « hors service ».
Il fut l'un des soldats réformés envoyés dans la compagnie des Invalides en poste au Fort de la Prée, où il mourut le 25 juillet 1724.
J'avais déjà croisé ce personnage sur un acte, trouvé dans le fond Deschamps, notaire à Civray. Par acte de février 1706, il confiait ses biens et héritages aux époux Berger, demeurant au village de Chez Tribot, paroisse de Savigné, en attendant son éventuel retour au pays. En cas de décès, les époux Berger en héritaient, sans contrepartie a priori.


jeudi 19 juin 2014

Des loups sur la commune (1896-1897)

Savigné fut particulièrement touché par la peur du loup en cet hiver 1896-1897. Déjà, en revenant de la foire de Champagné-Mouton, le 12 novembre, monsieur D., du Breuil-Margot, vit son troupeau de mouton attaqué par les loups. Les tentatives pour les faire fuir ayant été inutiles, celui-ci s'obligea à s'arrêter dans une ferme voisine et attendre le jour pour rejoindre son domicile (La Semaine, 15 novembre 1896).
Cet hiver, donc, s'annonçait dur.
Mercredi 6 janvier. Exacerbés par l'invasion, une quarantaine de chasseurs de Civray organisaient une battue, avec le concours de M. Laurens de la Besge, un des principaux veneurs du département, et ses piqueurs, vers 9 h 30 du matin : trois loups furent rabattus dans le bois des Dames, mais, insuccès de l'entreprise, seule la piste d'une jeune louve a été retrouvée, qui fut abattue par messieurs Martron et Vallade fils et  (Avenir de la Vienne, 9 et 11-12 janvier 1897).
La traque faillit tourner au drame cependant : Jules Portejoie, sympathique adjoint, reçut quelques grains de chevrotine dans la cuisse.
Quelques cm plus haut...
Devant ce succès certes mitigé, M. le comte de la Besge promit de refaire une battue.
Après l'invasion des loups, on vit certes le printemps, dans lequel on eut droit aux cas de chiens hydrophobes. Tiens, on apprenait, mercredi 31 mars, tandis que la presse poitevine s'émouvait du sort d'un pauvre fonctionnaire français, tué et mangé par des indigènes quelque part dans les terres en Côte d'Ivoire, qu'un chien enragé parcourait une partie de la commune de Savigné, signalé à la Coratière et aux Pigeries, poursuivi par des cultivateurs sans pour autant être arrêté (La semaine, 4 avril 1897). La semaine suivante, plusieurs cas de rage furent signalés dans la région. Le pauvre M. Jean Bertrand, de la Chapelle-Bâton, dût faire abattre son chien, mordu. Une semaine de plus, et on en signalait encore un, qui, après avoir mordu plusieurs de ses congénères à Charroux et dans les environs, fut blessé par plusieurs coups de fusil au village de Chez Chauveau, puis achevé à coups de bâtons et de pioches (La semaine, 18 avril 1897).
Alors qu'on se sentait tirer d'affaire, voilà que les habitants du bourg, après avoir subi une gelée du 6 au 7 mai, furent, peu après, réveillés en sursaut par des cris de chiens inhabituels. Quelle n'était pas leur surprise, en découvrant, parmi la volaille, quelques canus lupus cherchant pitance. Les bêtes, surprises elles aussi, se sauvèrent sitôt découvertes (La Semaine, 16 mai 1897).
Un mois plus tard, ce fut la ferme de la femme Gabriaud , au Breuil-Margot, qui fut attaquée : les portes des toits à bestiaux détruites, 3 moutons et 2 chèvres étranglés, tandis qu'on repérait, dans la même nuit, cette bande de loups à Lizac (La semaine, 13 juin 1897).

samedi 17 mai 2014

Jean Buchey, maître chirurgien à Saint-Domingue

Cet article est une ébauche de mes recherches en cours sur les membres de la famille Buchey. Je tiens à remercier tous ceux qui ont pu m'apporter une aide précieuse, en particulier à Brigitte ainsi qu'aux bénévoles du Fil d'Ariane.



I.

Jean Buchey était le dernier fils de Nicolas et de Marie Blanchard, jeune frère du fratricide de Savigné. Il fut baptisé le 19 septembre 1715 audit lieu de Loing, tel que le rapporta Borde, curé dudit lieu, en présence de Jean Colin, son parrain, et d’Anne Garnier, sa marraine et aïeule maternelle.

Archives départementales de la Vienne en ligne, Savigné - BMS - 1708-1720, v.72/108

On le retrouva sous les prénoms de Jean Nicolas, en décembre 1738, parmi les membres de la famille demandant l’entérinement des lettres de rémission concernant Adrien Buchey. Il y était indiqué ayant la charge de chirurgien, et c’est en la  qualité de maître chirurgien qu’il s’installa, quelques années plus tard, sur l’Île Saint-Domingue.
Le 3 février 1751, il contracta mariage avec Catherine Piau, fille de feu Jacques Piau, maître chirurgien, et de Marie Caignard, chez laquelle il vivait, en son habitation près de l’Anse-à-Veau, au quartier de Nippes. La jeune fille procédait sous l’autorité de son beau-frère Mathurin Couturier, de Rochelois. La belle famille de Jean Buchey, à l’occasion de ce mariage, se fit connaître : on y remarqua notamment Jean-Louis Chassaigne, lieutenant de cavalerie des milices, habitant la Gravance, et Françoise Piau, sa femme, ou bien Marie-Élisabeth Piau, femme de Louis Bouché, lieutenant de la Grande-Anse, tous sœurs et beaux-frères de l’épouse. Le 29 avril suivant, il achetait une portion d’habitation à l’Anse-à-Veau, à sa belle-mère, représentée par Mathurin Couturier.
Jean Buchey
(1715-?),
époux de Catherine Piau
Nicolas Buchey
Gabriel Louis Buchey
(~1754-1838),
époux de Renée Charlotte Perrine Leconte
Marie Catherine Françoise Buchey
(~1755-1834),
épouse de Pierre Étienne Bourgougnon-Duverger, puis de Joseph Ferdinand Duranton
Pierre Nicolas
Bourgougnon-Duverger
(1784-1853), époux de
Marie Philippine
Dalinde Baguet
Marie-Catherine Laure Bourgougnon-Duverger
(1786-?)
Marie-Françoise Clémentine Bonne Bourgognon-Duverger (~1789-1820)
Ferdinand Stanislas Sébastien Duranton (1797-1838), époux de Sadioba
Jean Ferdinand Claude
Duranton
(~1833-1868)
Marie Duranton (~1839-1857)

Jean Buchey achetait, une moitié d’habitation à la Grande Rivière de Nippes, le 4 septembre 1755, et était mort avant le 31 mars 1766, date à laquelle son habitation et ses esclaves dépendant de sa succession était affermés par le sieur Aubert, par acte passé devant Dupuis de Lavau, notaire à Nippes (actes notariés non consultables, suivant un relevé réalisé par Généalogie et Histoire de la Caraïbe en octobre 1997, p. 2093).
De son union, naîtront au moins deux fils, Nicolas et Louis Gabriel, et une fille, Marie-Catherine Françoise.

Celui qui semblait être l’aîné, Nicolas (parfois prénommé Jean-Nicolas), était nommé dans le testament de son père (idem). Il vendait, en 1778, la moitié de son habitation au canton des Roseaux, achetée en 1777 (idem). Parrain de son neveu Pierre Nicolas Bourgougnon-Duverger, il était mentionné comme l’un des propriétaires terriens lors du relevé de Saint-Domingue en 1789 (avec sa sœur). Sa destinée n’est pas connue.

Le cadet, Louis Gabriel, est plus connu. Né le 28 juillet 1754, il était qualifié de noble homme, lorsqu’il épousa, le 21 août 1780, aux Touches (Loire-Atlantique), Renée Charlotte Leconte, fille de maître Charles, et de feue Renée Bourdé, originaire de Joué-sur-Erdre, en présence, notamment, de noble homme Étienne Bouché, cousin germain de l’époux (il s’agit naturellement d’un fils de Louis Bouché et de Marie-Élisabeth Piau, ces derniers étaient présents à la signature du contrat de mariage de Jean Buchey et de Catherine Piau), et de noble homme Gabriel Hyvonnet. C’est l’occasion d’apprendre de Louis Gabriel, et sa sœur, étaient revenus en France, et installés paroisse Saint-Nicolas, à Nantes, principalement en raison des troubles sur l’île.
En effet, quelques semaines plus tôt, le 18 juillet, avait eu lieu le mariage de Marie-Catherine Françoise, avec Pierre Étienne Bourgougnon, écuyer, sieur du Verger, avec dispenses de deux bans et la permission de différer les fiançailles, en raison de la présence en métropole de la jeune fille. Cette demande avait été effectuée par le sieur Pierre Nicolas Bazille, négociant à Nantes, son protecteur, le 3 mars précédent, suite aux difficultés que les jeunes époux devaient affrontés (et ce malgré le bon consentement des deux familles et leurs bonnes situations) :

« Le Sr Bazille demeurant à Nantes supplie Votre Majesté de lui accorder des lettres patentes pour l’autoriser à marier la dlle Buchey sa pupille, créole de St Domingue, avec le Sr Bourgougnon Duverger garde de Votre Majesté, en le dispensant des formalités à observer dans cette colonie, parce que l’éloignement des lieux et les circonstances de la Guerre apporteroient un retard considérable à ce mariage convenable et agrée de toute la famille. (...) La Dlle Buchey, agée de vingt trois ans, a perdu ses père et mère, qui étoient habitans du quartier de Jérémie dans l’Isle St Domingue et qui l’avoient envoyée en France, ou est la plus grande partie de sa famille : elle a été émancipée d’autorité du juge de Jérémie, par sentence du 17 août 1776. » (archives en ligne des ANOM).

Le mariage, par acte passé devant maître Auffray, notaire à Nantes, le 15 juillet 1780, était également autorisé par de nombreux membres de sa famille, parmi lesquels on retrouvait Louis Gabriel Buchey, son frère, Étienne Bouché, cousin germain, noble homme Marie Collet, cousin germain à cause de sa femme Marie-Anne Bouché (une sœur du précédent), mais également de vieilles connaissances Civraisiennes : maître Jacques Pierre Pontenier, le jeune, procureur au siège royal de Civray et échevin de l’hôtel de la dite ville (mon cousin généalogique, gendre de Gabriel Buchey), ainsi que Louis Nicolas Guyot, bourgeois de Savigné, cousins germains de « l’estoc paternel » et par alliance (par procuration rendue devant Daveaux et son confrère, notaires à Civray, le 14 juillet 1780, et représentée par Noël François Coiquaud, procureur au présidial et comté de Nantes), Pierre Buchey, marchand orfèvre, autre Pierre Buchey, marchand apothicaire, Pierre Loreau, avocat en la cour d’Angoulême, époux de Magdeleine Buchey, le sieur Jean Ravaud l’aîné, ancien consul en la juridiction consulaire de la ville d’Angoulême, époux de Marie Buchey, le sieur Louis David, procureur en la juridiction de Montbron, époux de Jeanne Buchey, et le sieur François Poitevin, bourgeois et époux de Marie-Julie Buchey (par procuration rendue devant Massatz et Bernard, notaires d’Angoulême, et représentée également par Noël François Coiquaud).
La famille du jeune époux était d’origine bourbonnaise, comme en témoignait l’acte de mariage. Né vers 1749, et ayant la charge de garde du corps du roi, il était le fils de Jean-Baptiste Bourgougnon et de Jeanne Chevalier de Lormont, originaire de la paroisse d’Avermes. Cette famille, et ses propriétés, sont décrites dans l’ouvrage les Fiefs du Bourbonnais (Les fiefs du Bourbonnais, tome 2, Moulins, rive droite de l’Allier, par Aubert de la Faige et Roger de la Boutresse, 1936, p. 301 et 302), quoiqu'avec quelques erreurs, qui permet de préciser certains détails : « Dès notre entrée sur Saint-Voir, nous trouvons le Verger, qui dépendait autrefois de la paroisse de Longeprée. Le Verger est une ancienne construction en grande partie refaite, sise sur une motte entourée de fossés profonds et pleins d'eau courante à côté, et entourés eux aussi de fossés, sont les bâtiments de la basse-cour, aujourd'hui transformés en domaine. Tout cela donne bien au Verger le caractère d'un ancien fief et cependant le premier possesseur que nous en connaissions est un simple roturier : c'est, en 1365, Jean Basti, paroissien des Chezauds, époux d'Isabelle, fille de Hugues Demoux. »
Plusieurs propriétaires se succédèrent, et, le domaine fut vendu, en 1647, « à une famille de maîtres de poste de Moulins, que nous trouvons aussi au petit château voisin de Lormont. Michel Chevalier, seigneur du Verger, conseiller du roi, lieutenant du prévôt général des maréchaux de France en la généralité de Moulins, mourut avant 1677, laissant d'Elisabeth-Antoinette Rogier une fille, Claudine. Le Verger échut donc à Claudine Chevalier, fille de Michel, et durant quelque temps le titre de seigneur du Verger fut porté par l'époux de Claudine, messire François de Culant, écuyer, seigneur de Puy-Rambaud, intéressé dans les affaires du roi mais, en 1698, et par suite d'arrangements de famille dont le détail nous échappe, le Verger était passé la propre cousine germaine de Claudine Chevalier, Jeanne Philippon, épouse d'Antoine Palierne, procureur ès cours de Moulins. Puis, en 1715, et probablement par suite de son mariage avec une demoiselle Palierne, était seigneur du Verger, Antoine Bourgougnon, conseiller au présidial, et issu d'une famille originaire, paraît-il, de Chevagnes. »
Par son mariage, Jean-Baptiste Bourgougnon avait acquis le fief de Lormont, constitué par « le petit châtelet de Lormont, qui domine du haut d’un mamelon tout le plat pays d’alentour » et il fut transmis, à sa mort, à son gendre Nicolas-Marien Hautier, chevalier, seigneur de Villemontée et lieutenant au Conti-Dragons, qui fit « parti de la fournée des trente-deux bourbonnais guillotinés à Lyon le 11 nivôse an II (idem, p. 304). »
Par une de ces coïncidences surprenantes telles qu’on peut en découvrir lors de recherches généalogiques, un frère de Pierre-Étienne Bourgougnon (son demi-frère plus exactement, né du premier lit de son père), François Gabriel Bourgougnon, était, par son second mariage avec Marie-Anne Fabrice-Huelard, l'un des ancêtres du général et maréchal Jean Joseph Marie Gabriel de Lattre de Tassigny. Celui-ci comptait, parmi ses ancêtres, Jacques Minot, qui était au XVIIe siècle, sergent à Savigné (n’oublions pas qu’il s’agit ici d’un article sur Savigné, tout de même).
Jean-Baptiste Bourgougnon
(~1699-1767),
sieur du Verger, époux de Marie-Anne Parchot, puis de Jeanne Chevalier de Lormont, au moins 9 enfants dont :
François Gabriel Bourgougnon
(1739- ?),
sous-aide major au régiment de la Couronne, époux de Marie-Élisabeth Barraud, puis de Marie-Anne Fabrice-Huelard, dont :
Pierre Étienne Bourgougnon (1749-1794), sieur du Verger, époux de Marie-Catherine Françoise Buchey (voir plus haut)
Catherine Bourgougnon
(1750- ?),
épouse de Nicolas Marien Hautier, chevalier seigneur de Villemontée, lieutenant au Conti-Dragons
Gabrielle Bourgougnon
(1770-1831),
épouse de Charles Favre
Jean Favre-d’Eschallens
(1801-1886),
officier de la garde royale, époux de Séraphine Duverrier de Boulzat
Gabrielle Favre-d’Eschallens
(1835-1923),
épouse de Gaston de Lattre de Tassigny
Roger de Lattre de Tassigny (1855-1956), époux d'Anne Marie-Louise Hénault
Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952),
époux de Simone Calary de Lamazière

II.

Après leurs mariages respectifs, les Buchey, et consorts regagnèrent rapidement Saint-Domingue. Louis Gabriel, cependant, ne se trouvait plus sur l’île en 1789, lors du recensement. Il revint à Nantes en 1792, puis à Paris et Bordeaux (1793-1794), pour se fixer enfin à Paris cette même année.

Avec sa sœur, ils se trouvèrent propriétaires du Clos de la Faisanderie des Moulineaux, à Fontenay-le-Fleury (Yvelines), que j’évoque plus loin.
Il était, en 1822, trésorier des Invalides, breveté par Louis XVI, et habitait au n°8, rue de Hanovre. L’année suivante, il percevait l’aide aux anciens colons de Saint-Domingue, et touchait 360 francs par ans, défini à partir de son âge. Sa santé décline, au cours des 15 années suivantes, et ses jambes refusèrent de le porter à partir de juin 1837. Le 6 mai 1838, le sieur Paingault, docteur en médecine de la faculté de Partis, certifiait que Buchey ne pouvait plus signer, le bras droit étant paralysé, et le vieil homme s’éteignit le 17 de ce mois, à l’âge tout de même de près de 84 ans. Son épouse, dont la destinée ne m’est pas connue, était probablement décédée avant son départ de Saint-Domingue.

Sa sœur, Marie-Catherine Françoise et son époux s’installèrent à Jérémie, où Pierre Étienne Bourgougnon fut capitaine au bataillon des milices. Il mourut avant le 11 novembre 1794, date à laquelle on procédait à l’inventaire après décès de ses biens (devant Lépine, notaire à Jérémie, acte notarié non consultable).

Comme le souligne les auteurs des Fiefs du Bourbonnais, à Antoine Bourgougnon succéda au Verger son fils Jean-Baptiste (~1699-1767), conseiller au Présidial, qui, veuf de Marie-Anne Parchot, épousa, en secondes noces, le 11 décembre 1747 à Moulins, Marie-Chevalier de Lormont, fille de Claude et de Jeanne Coudonnier (les auteurs font de Marie-Anne Parchot la mère de Jean-Baptiste, alors qu'il s'agit de sa première femme). Il semble « bien qu'à la mort de Jean-Marie, le Verger ait été attribué à l'un de ses sept fils, Etienne Bourgougnon mais cet Etienne fut tué à Saint-Domingue, et c'est sans doute à propos du partage de ses biens entre ses trop nombreux héritiers, que se rendit acquéreur du Verger, Henri-Clément-Eléonore Jémois, notaire à Moulins. » Cette phrase de l’ouvrage indique les circonstances de la mort de Pierre Étienne Bourgougnon.
Sa veuve se remaria, par contrat du 11 octobre 1796 (acte notarié non consultable), avec Joseph Ferdinand Duranton. Ce dernier fut commissaire de la marine à Saint-Domingue, et occupait cette charge depuis de nombreuses années. Dans une lettre en date du 20 octobre 1781, il était évoqué par M. Le Brasseur, intendant : « tout m’engage à recommander à vos bontés le sr Duranton, à qui j’ai accordé une commission de sous-commissaire au Fort-Dauphin, et qui s’acquitte de ses fonctions avec autant de zèle et d’intelligence que de délicatesse. Il y a plus de 12 ans, Monseigneur, qu’il travaille, dans les différentes parties de l’administration et personne ne les connoit mieux que lui. Il est d’ailleurs généralement aimé et estimé dans le département qui lui a été confié. Permettez moy, Monseigneur, de vous demander pour lui le brevet de sous- commissaire. Je puis vous assurer qu’il est non seulement digne de cette faveur mais qu’elle paroit même être due à ses anciens services. Je suis avec un profond respect, Monseigneur » (cote COL E 164, A.N.O.M.).

La famille Duranton (dont le patronyme est courant en Auvergne), était originaire des environs d’Ambert, dans le Puy-de-Dôme. Elle fit l’objet d’une note, dans le Dictionnaire des anciennes familles de l’Auvergne (par Ambroise Tardieu, 1884, p. 137) :

DURANTON. Ancienne famille bourgeoise. Elle a donné des notaires à Billom (1625-1653). Pierre-André Duranton, notaire à Condat-lès-Montboissier (1769-1776), épousa une demoiselle du Lac, fille du seigneur de Contournat. De ce mariage naquit : Jean-François, marié à mademoiselle Chomette de la Forie, lequel eut Jean-Baptiste, notaire au Vernet, résidant à la Forie, marié à Françoise Sauvat, fille du gén éral Charles Sauvat, lequel fut obligé de sa cacher pendant la terreur ayant été condamné à mort comme royaliste ; de ce mariage : Jean-François, porté ci-dessous. — Antoine-Joseph Duranton, appartenant à cette famille, fut reçu en 1769, visiteur général des Gabelles à Clermont-Ferrand.
REPRÉSENTANT ACTUEL. Jean-François Duranton, résidant au château de la Forie, commune de Saint-Étienne-sur-Usson (Puy-de-Dôme), qu’il a fait restaurer avec un goût remarquable.

Le bisaïeul de Joseph Duranton, Claude Duranton, naquit vers 1627 et fut inhumé le 16 octobre 1694 à Cunlhat, où cette famille tire son origine. Notaire royal, Claude était l’époux de Jeanne Payet, qui lui donna au moins 3 enfants : Jacques, né vers 1661, époux d’Antoinette Fournioux, qui était, lors de son inhumation dans l’église dudit lieu, avocat en parlement et bailli de Maymont ; Antoine, en 1670, et un autre Antoine, né en 1673.
Ce dernier, baptisé plus exactement le 9 novembre 1673 à Cunlhat, fut notaire royal et procureur d’office des terres de Montboissier. Il avait épousé, le 5 mars 1696, Jeanne Coste, fille de Pierre Joseph, avocat en parlement et bailli de Boissonnelle, et de Jeanne Varennes, et fut inhumé le 23 décembre 1732 à Cunlhat. Il eu au moins 8 enfants, tous baptisés à Cunlhat, parmi lesquels :
  • Antoine Joseph, avocat en parlement, baptisé le 27 novembre 1700, qui fut nommé visiteur général des gabelles à Clermont-Ferrand par lettres de provision du 22 octobre 1739. Il avait épousé Marguerite Teilhot, qui lui donna plusieurs enfants, nés à Cunlhat entre 1734 et 1742, et dont la postérité ne m’est pas connue, sauf pour la dernière : Jeanne Michelle Duranton, née en 1742, qui mourut célibataire au même lieu 19 avril 1821.
  • Amable, baptisé le 3 juillet 1711, qui fut inhumé prêtre et communaliste de l’église de Cunlhat le 26 février 1792.
  • et François, qui suit.
  • Marie-Anne, baptisée le 3 mars 1715, qui épousa le 13 avril 1741, Antoine Joseph Bartin, du bourg de Marat, avocat en parlement et bailli d’Olliergues.
François Duranton fut baptisé le 1er septembre 1713 à Cunlhat. Il fut contrôleur du roi audit lieu, et eut de son épouse Jeanne Boudal, au moins 8 enfants (nés entre 1736 et 1757), dont :
  • Pierre André, né vers 1736, notaire et procureur au baillage de Montboissier, qui était celui évoqué dans l’article de Tardieu.
  • François Antoine Joseph, que je vais vous évoquer, connu plus tard sous les prénoms de Joseph Ferdinand Duranton.
  • et le dernier, Grégoire, baptisé le 11 mars 1757, qui épousa, le 15 février 1787 à Marat, Marie-Anne Desfarges, veuve d’Antoine-Joseph Bartin, avocat en parlement audit lieu (probable fils d’un couple précité). Le destin de cette branche est évoqué par les recherches sur le site Mémoire de Marat et lié au village de la Bertigne. Grégoire Duranton y exerca la charge de notaire et de procureur, jusqu’en 1824, date à laquelle lui succèda son fils, Amable Pierre, qui fut adjoint au maire de la commune sous les Cent Jours. Le fils de ce dernier, Claude, dit Lachassagne, fut maire de Marat à plusieurs reprises de 1849 à sa mort au début du XXe siècle (il fut reçu chevalier de la Légion d’Honneur à ce titre par brevet du 31 mai 1895). Son aîné, Grégoire, né en 1810, installé à la fin de sa vie à Olliergues, était surnommé Labertigne.
Claude Duranton
(~1627-1694),
notaire royal,
époux de Jeanne Payet
Antoine Duranton (1673-1732),
notaire royal, époux de Jeanne Coste
Jacques Duranton (~1661-1716), époux d'Antoinette Fournioux
Antoine Joseph Duranton (1700-?), notaire royal, époux de Marguerite Teilhot
Amable Duranton (1711-1792),
prêtre de Cunlhat
François Duranton (1713-?), contrôleur du roi à Cunlhat, époux de Jeanne Boudal
Pierre André Duranton (~1736-1805),
notaire et procureur au baillage de Montboissier, époux de Jeanne Dulac
François Antoine Joseph Duranton (1744-1809), époux de Marie-Catherine Françoise Buchey
Grégoire Duranton (1757-1826), notaire et juge de paix d'Olliergues, époux de
Marie-Anne Desfarges
Jean-François Duranton (1775-?), époux de Jeanne Jacqueline Chomette
Amable Pierre Duranton (1788-1868), époux de Marie-Anne Charlat
Jean-Baptiste Duranton (1799-1868), percepteur à Condat, époux d'Anne Françoise Sauvat
Marie-Anne Duranton (1803-?), épouse de Jean Gilbert Sicard, horloger
Grégoire Duranton, dit Labertigne (1810-1883), époux d'Antoinette Bretogne
Claude François Duranton, dit Lachassagne (1820-1905), maire de Marat et chevalier de la légion d'honneur

François Antoine Joseph, baptisé le 11 janvier 1744 à Cunlhat, était donc jeune homme lorsqu’il arriva à l’île Saint-Domingue en 1767, où il fut d’abord commis aux écritures dans les bureaux de la marine au Cap. En 1770, il était receveur des amendes et garde-magasin du roi à Fort-Dauphin, puis premier commis au même lieu en 1772 et chef de détail 4 ans plus tard.
Il fut proposé en 1779 pour être commissaire de l’armée du comte d’Estaing (alors gouverneur de Saint-Domingue), puis sous-commissaire provisoire au Fort-Dauphin en 1780 (destiné par M. de Vaivre). C’est en cette qualité que M. Le Brasseur le recommanda (voir plus haut) et le chargea d’établir un hôpital de 600 malades à Ouanaminthe pour l’armée espagnole, qui devait camper sur les frontières. Le 1er octobre 1782, il était nommé commis principal des colonies, puis enfin commissaire des colonies par brevet du 4 janvier 1787. Revenu en France, il était à Bordeaux le 10 mai 1792 (il avait demandé un congé le 2 avril précédent pour raisons médicales), il retourna à Saint-Domingue à la fin de l’année suivante, puis quitta le service en 1795 et se rendit aux États-Unis.
C’est donc peu après qu’il rencontra et épousa Marie-Catherine Françoise Buchey.
De sa première union, Marie-Catherine Françoise avait au moins eu :
  1. Pierre Nicolas Bourgougnon, né le 26 septembre 1784 et baptisé le 24 décembre suivant à Jérémie.
  2. Marie-Catherine Laure Bourgougnon, née le 29 octobre 1786 et baptisée le 19 avril 1787 à Jérémie.
  3. Marie-Françoise Clémentine Bonne Bourgougnon, née vers 1789.
De ce second mariage, elle eut Ferdinand Stanislas Sébastien Duranton, né en 1797.
Les circonstances les amenèrent à fuir Saint-Domingue en l’an VII pour Philadelphie, où Marie-Catherine Françoise avait quelques intérêts. La même année, ils étaient à Bordeaux.
Duranton revint dans l’île pour faire parti de l’organisation provisoire du 22 messidor de l’an XI (11 juillet 1803), pour la charge de sous-préfet de la province du sud, mais l’évacuation subite de la colonie ne lui permit pas d’exercer les fonctions qui lui avaient été confiées.
Le 4 frimaire de l’an XII (26 novembre 1803), à Jérémie, il embarquait sur le brig américain « Rose », et payait, pour son passage et sa nourriture, 100 gourdes au capitaine Wing de Philadelphie (sur ces deniers personnels, n’ayant pas touché sa solde de sous-préfet). Le 30 du même mois, il fut fait prisonnier par le capitaine corsaire Olanier, qui le conduisit à Santiago — Saint-Yago comme l’écrivaient les français — à Cuba, où il fut débarqué le 11 frimaire de l’an XII (3 décembre 1803). Il resta à Cuba jusqu’au 8 janvier 1804, n’ayant pas trouvé d’embarquement avant, et prit le lendemain un passage sur la goëlette « l’Éliza », pour de nouveau 100 gourdes, à destination de Baltimore ou New-York. Toutefois, avariée par des temps impétueux, le bâtiment l’emmena à Charlestown où il débarqua le 12 mars 1804. Il prit alors le « Poisson Volant » le 27 mars 1804 (pour 40 gourdes) et arriva enfin à Philadelphie le 10 avril 1804.
En partance pour la France, il fut… capturé par les anglais sur le chemin du retour ! Il transportait alors quelques courriers de dignitaires français (à destination de généraux et de ministres français), réfugiés aux États-Unis après l’indépendance de Haïti et, à ce titre, il fut conduit en Angleterre où il resta prisonnier de guerre pendant deux mois. Il fut relâché le 30 août 1804. Finalement, il débarquait à Bordeaux le 1er vendémiaire de l’an XIII (23 septembre 1804).
Malgré ses 27 ans de services, il eut le plus grand mal à obtenir un traitement de réforme, qu’il obtint le 23 avril 1807 (un montant de 1087 francs).
Alors en France, sa femme, le 20 germinal de l’an XII (10 avril 1804), elle écrivait pour demander qu’elle, son fils Duranton, sa fille Clémentine Belle Bonne, ainsi que sa nièce, Clémentine d’Espinefort, soient inscrits sur le liste des secours aux réfugiés de Saint-Domingue (G.H.C. en octobre 1997, p. 2093). Sa première fille Marie-Catherine Laure était probablement morte avant cette fuite, je ne l'ai pas retrouvé par la suite (elle était en vie lors de l'inventaire après décès de son père en 1794).
Comme je le disais précédemment, le couple devint, par des circonstances particulières, propriétaire du Clos de la Faisanderie des Moulineaux, sur la commune de Fontenay-le-Fleury (Yvelines). Cette vente se déroula en dernier lieu devant la cour d’appel de Paris, le 10 février 1807 (Journal du Palais, jurisprudence française, tome 5, an XIV - mars 1807 p. 671 et 672) :
Antoine Mollet, propriétaire du clos de la Faisanderie, passa contrat de vente le 30 thermidor de l’an XII, pour 25.000 francs, à la dame Henner, épouse non commune en bien de Jacques Philippe Mollet. Un sieur Buisson, cessionnaire des créances que Suzanne Brunelet avait à exercer contre son mari vendeur, d’avec lequel elle était séparée de biens, surenchérit, et la demoiselle Brunelet s’en trouva abjudicataire pour 37.200 francs.
Elle s’acquitta des frais de surenchère, mais elle demeurait débitrice des loyaux-coûts dus à la demoiselle Henner, qui ne devait être remboursée que sur une taxe.
Au lieu de provoquer cette taxe, celle-ci fait une cession de créance à Louis Gabriel Buchey, qui réunissait déjà les droits de plusieurs créanciers d’Antoine Mollet. Il fit taxer et obtint un exécutoire de 2074 francs contre la demoiselle Brunelet. Faute de paiement de cette somme, il poursuivit la revente par folle enchère, et la demoiselle Brunelet, autorisée par son mari, fit à son créancier des offres réelles de la somme de 2074 francs, montant de l’exécutoire, et de la somme de 12 francs, pour frais, en date du 28 juillet 1806. Sous prétexte de l’insuffisance de la somme de 12 francs pour frais, Buchey fait signifier le 29 par huissier un état de frais, avec citation à comparaître devant la chambre des avoués le lendemain, sept heures du matin, pour être présents à la taxe qui en serait faite par deux avoués. Le lendemain, donc, eut lieu le règlement des frais d’un montant de 1607 francs et 6 centimes, en l’absence des sieur et dame Mollet, qui furent assignés au tribunal de Versailles à fin d’homologation de l’arrêté des avoués. Les époux Mollet réalisèrent les premières offres qu’ils avaient émises, mais refusèrent la taxe précipitée par Buchey. Le tribunal homologua l’arrêté des avoués, déclarant les offres des Mollet insuffisantes, et l’adjudication du Clos de la Faisanderie fut faite à Marie-Catherine Françoise Buchey.
Après cet épisode, Duranton mourut le 27 juin 1809 à Paris. La famille vécut par la suite à Fontenay-le-Fleuriel, où elle apparaissait sur le recensement de la population de 1817. Ce fut d’ailleurs en ce lieu que mourut Marie-Françoise Clémentine Bonne Duverger, le 26 janvier 1820.
En 1832, c’était son frère, Pierre Nicolas, qui y était propriétaire. Jeune homme, il fut employé à l’administration de l’armée à Naples (dès 1805), puis adjoint provisoire aux commissaires des guerres (nommé par l’ordonnateur Arcambel le 13 mars 1806, puis par le ministre le 24 juin 1807), puis adjoint titulaire le 30 août 1808, finissant avec le grade de commissaire de guerre de 2e classe, le 9 octobre 1812. A ces postes, il fit les campagnes de 1806, 1807 et 1808 à l’armée de Naples, celle de 1809 en Autriche, puis celles de 1812 et 1813 à la grande guerre. Vu ses états de service, il fut élevé chevalier de la Légion d’Honneur le 10 février 1816, puis, sous le grade de sous-intendant militaire de 2e classe, officier de la Légion d’Honneur le 20 août 1824.
En qualité de propriétaire du Clos de la Faisanderie des Moulineaux, il reçut, le 29 avril 1832, la médaille d’or à l’effigie d’Olivier de Serres (remise par la société royale et centrale d’agriculture), pour avoir introduit, conservé et multiplié dans son domaine un troupeau de moutons à laine longue de la race des Leicestershire (Mémoires publiés par la société royale et centrale d’agriculture, année 1832, p. 102 à 105:

« Les laines longues et fortes, disait le rapport, ont acquis, depuis plusieurs années, une importance d’autant plus grande, qu’elles sont indispensables pour les étoffes rases, et principalement pour les papelines et les bombasines, branche de notre industrie manufacturière qui acquiert chaque jour en France plus de développement. C'est en Angleterre que les fabricans ont été et sont encore obligés d'aller chercher cette matière filamenteuse , et il en résulte une exportation de numéraire considérable. Pour s'en affranchir, des amis de l'agriculture ont introduit en France, en 1823, des moutons des races anglaises de Dishley et de Leicestershire, animaux moins remarquables encore par la longueur et la force de leur laine dont ils sont couverts, que par leur grosseur, leur poids et leur facilité à s'engraisser dès la seconde année sans un supplément de nourriture. Ces essais, entrepris à grands frais, n'ont pas mal heureusement été couronnés de succès. La plupart des animaux des comtés les plus renommés de l'Angleterre sont tous venus périr, en France, dès la première ou la seconde année, de la pourriture ou d'autres maladies ; et ces pertes, attribuées bien plus au climat qu'aux défauts de soin et de régime, avaient fait considérer généralement les races des moutons à longue laine de la Grande-Bretagne comme ne pouvant être importées en France avec avantage, et les espérances que l'on avait conçues semblaient complètement anéanties. Elles peuvent peut-être se ranimer par l'exemple que vient offrir aux agriculteurs M. Duverger, intendant militaire. Ce propriétaire a été lui-même choisir, au mois de juin 1824, en Angleterre, des bêtes à longue laine de la race de New-Leicestershire ; et vingt-sept brebis et un bélier ont été placés par lui sur son domaine de la faisanderie des Moulineaux, près Versailles. Pour la nourriture, les soins et le régime en général, ces animaux ont été dirigés comme ils le sont en Angleterre. Constamment dehors jour et nuit, été comme hiver, ils ont supporté toutes les intempéries des saisons d'un climat nouveau pour eux, sans que leur tempérament en ait été altéré. Par suite des naissances qui sont survenues depuis 1824, ce troupeau est aujourd'hui de deux cents têtes d'animaux, remarquables par la beauté de leurs formes, par l'état de vigueur et de parfaite santé dans lequel ils se trouvent, par leur graisse, et enfin par leur poids qui est d'environ 30 à 40 kilogrammes de viande nette. Aux avantages d'une toison plus précieuse et d'une augmentation importante pour la qualité de la chair, que paraissent offrir les moutons de Leicestershire, vient se joindre une disposition qui mérite aussi l'attention des agriculteurs, c'est une meilleure dispersion de l'engrais. Le troupeau de M. Duverger qui, depuis huit années qu'il a été créé, non seulement s'est conservé, mais encore s'est considérablement augmenté, commence à être apprécié dans les environs de Versailles, et déjà des croisemens opérés avec des bêtes picardes et cauchoises promettent d'heureux résultats. Ce propriétaire a obtenu dans son entreprise un succès qui peut, peut-être, promettre de voir acclimater et se multiplier en France une race de moutons précieuse et pour sa chair et pour sa toison. L'intérêt que vous prenez, Messieurs, à tout ce qui peut contribuer à la prospérité que la France doit chercher dans l'agriculture, vous a déterminés à décerner à M. Duverger une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres, comme un témoignage de votre satisfaction . »

Il était, en 1835, propriétaire au n°8, rue du Helder, à Paris, lors de l’inventaire après décès de sa mère. Seuls des domestiques vivaient alors aux Moulineaux. Il épousa, le 20 septembre 1843, à Paris (ancien 1er arrondissement), Marie Philippine Dalinde Baguet, née le 15 brumaire de l’an V (5 novembre 1796) à Nîmes, fille de feu Antoine Marthe Émile Marais, et d’Yphigénie Philomène Rive, veuve d’Esprit Osmont, baron du même nom. Ce prestigieux mariage, quoique tardif, fut prononcé en présence d’Edme François Jules Collibeaux, baron de Champvallon, et de Philippe Marie Hippolyte de Flandre de Brunville, cousins de l’époux (l'un des témoins de l'épouse était Gustave de Loevenhielm, comte dudit nom, alors ministre de Suède et Norvège à Paris).

Edme François Jules Collibeaux, né le 4 septembre 1788 à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), était le fils de François Guillaume Collibeaux et de Marguerite Henriette Bonneville de Sainte-Anne. Il entra aux armées en 1806, puis devint commissaire des guerres de 2ème puis de 1ère classe, à partir de 1812. Il servit dans les campagnes de la Grande Armée et d’Espagne, de 1807 à 1814 (tout comme Bourgougnon-Duverger). Il reçut plusieurs décorations, dont celle de chevalier de la Légion d’Honneur le 18 mai 1820, puis celle d’officier le 29 octobre 1828, et son domaine de Champvallon (Yonne) avait été érigé par majorat en baronnie, par ordonnance royale du 10 janvier 1821. Mise en retraite par ordonnance du 7 avril 1837, il décéda le 8 avril 1846 à Paris. Il fut inhumé au cimetière de Champvallon, et sa tombe existe toujours de nos jours (d’après Les amis du Patrimoine Napoléonien, Jean-Pierre Bibet).


Marie-Françoise de
Flandre de Brunville,
par Danioux, 1789, d'après le
Boudoir de Marie-Antoinette
Lors du mariage de Pierre Nicolas, Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville était veuf de Marie Barbe Clémentine de Musnier de Spinefort, décédée le 18 décembre 1818 (inventaire en ligne du CARAN).
Celui-ci venait d’une famille particulièrement notable : né vers 1784, il était le fils de François Antoine, ancien conseiller au parlement de Paris, et d’Angélique Marie Desvaux de Saint-Maurice, dont j'ai retrouvé la trace grâce au ge86 que je remercie, en revenant sur les terres de mes ancêtres : le Poitou.
C'est à Poitiers, le 29 avril 1830, qu'Antoine François Léonce de Flandre de Brunville, fils des précédents, avec Marie Prudence Alexandrine Euphémie de Blau, en présence, notamment, de Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville, frère de l'époux. Je retrouve donc ainsi celui que je recherche.
Dans cette famille particulière, il faut également relever Marie-Françoise de Flandre de Brunville, soeur de François Antoine (tous deux enfants d'Antoine et de Jeanne Marie Dumont), qui fut l'épouse de François Pierre du Cluzel, marquis de Montpipeau, intendant de la généralité de Tours. Elle fut, notamment, dame d'honneur de Marie-Antoinette, et son époux, particulièrement impliqué dans l'aménagement de sa ville, y laissa un souvenir persistant. Une rue au centre-ville de Tours porte son nom.
Antoine de Flandre de Brunville, époux de Jeanne Marie Dumont
Marie Françoise de Flandre de Brunville, épouse de Françoise Pierre du Cluzel de Montpipeau, intendant de la généralité de Tours
François Antoine de Flandre de Brunville, conseiller au parlement de Paris, époux d’Angélique  Marie Desvaux de Saint-Maurice
au moins 5 enfants
Antoine François Léonce de Flandre de Brunville,
(1781-?),
propriétaire à Poitiersépoux de Marie Prudence Alexandre Euphémie de Blau
Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville,
(~1784-?),
propriétaire à Paris, époux de Marie Barbe Clémentine de Musnier d’Espinefort

Tout ceci, cependant, ne me permettait pas de découvrir le lien entre Pierre Nicolas Bourgougnon et Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville : quand soudain, la lumière fut !
Rappelez-vous ceux qui accompagnaient Marie-Catherine Françoise Buchey, lorsqu'elle demandait le secours pour les réfugiés de Saint-Domingue. Feue l'épouse de Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville, Marie Barbe Clémentine de Musnier d'Espinefort, était bien évidemment la fameuse « nièce », Clémentine de Spinefort ! Elle était, plus précisément, la fille de Marie-Jeanne Couturier, née vers 1752 et décédée le 22 avril 1788 à Fond-des-Nègres (Saint-Domingue), elle-même vraisemblablement fille de Mathurin Couturier, beau-frère de Jean Buchey (ce qui ferait de Marie-Jeanne Couturier une cousine germaine de Marie-Catherine Françoise Buchey, et Clémentine d'Espinefort une cousine née de germain de Pierre Nicolas Bourgougnon).
Elle était, par son père, descendante directe de Louis Marin Buttet de la Rivière, qui fut en particulier gouverneur de Saint-Domingue. Celui-ci a servi pendant plus de 54 ans : il commença dans sa plus tendre enfance vers 1699, en servant dans les troupes coloniales de Saint-Domingue (aide de camp du gouverneur Ducasse), jusqu’en l’an 1706. Rappelé par Deslandes, oncle maternel, pour des affaires de famille, il servit pendant 3 ans en qualité de lieutenant et de garçon major au régiment de Champagne. Il revint à Saint-Domingue en 1710, dans la marine, gravit les échelons et, en qualité de lieutenant du roi à Saint-Louis, fit construire Fort-Dauphin en 1728. Le 1er avril 1745, il fut nommé gouverneur de l’île, puis fut destitué en 1749, emprisonné à Brest et mort probablement au Mans (cote COL E 57, A.N.O.M.).
Louis Marin Buttet,
gouverneur de Saint-Domingue, époux de Marie-Anne Grosmont
Marie-Anne Renée Georges Buttet, épouse de Thomas Charles Thimoléon de Musnier d’Espinefort, baron dudit nom, major de cavalerie et chevalier de Saint-Louis
André Buttet
(1727- ?),
cornet de cavalerie, époux de Catherine Ursule Pauline du Botdevu
Anne Barbe Buttet, épouse de Joseph François Desales Ourly d’Ingrande, écuyer, gendarme de la garde du roi, capitaine concierge du Château-Neuf, gouverneur des volières du roi
Charles Louis Georges François Thimoléon de Munsier d’Espinefort,
(1751-1797),
mousquetaire du roi, époux de Marie-Jeanne Couturier
Marie Barbe Clémentine de Munsier d’Espinefort, épouse de Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville

Philippe Marie Hyppolite de Flandre de Brunville était donc un cousin par alliance. 

Pierre Nicolas Bourgougnon-Duverger mourut le 30 janvier 1853 à Paris.



III.

Selon ses propres dires, dans une note adressée au Ministère de la Marine en 1819, Ferdinand Stanislas Sébastien Duranton naquit le 31 octobre 1797 à Jérémie (lettre au ministère de la guerre transmise en date du 10 mars 1818). Plusieurs contradictions existent dans sa vie, notamment sur sa date de naissance, que certains reportent à 1787 (naissance généralement admise par ses biographes, ce qui est selon moi une erreur) ou 1788. La plupart des renseignements sur Ferdinand Duranton est issue du Premier séjour de Duranton au Sénégal (1819-1826), par Claude Faure, dans la Revue de l’histoire des colonies françaises, juillet 1921, p. 189 et suivantes.

Il servit des corps d’élite et devint lieutenant porte-drapeau au 2ème régiment d’infanterie de la garde, charge qu’il quitta en 1816 « sur un coup de tête ». Au mois d’août 1817, il s’embarqua sur le brick la Jeune Sophie, du Havre, pour une destination connue de lui seul. Quelque part dans les Caraïbes, au jour du 6 août 1817, le navire fut soudain naufragé par un incendie due à de l’huile de vitriol. On essaya de sauver le navire, mais devant l’inévitable, il fut échoué dans la baie nord-ouest de l’île de la Trinité (près de laquelle il se trouvait), le 10 août. Rapidement, les naufragés durent s’organiser pour survivre.

Las d’attendre, le 20 août 1817, M. Devaux, capitaine, Girette, lieutenant, le comte d’Amerval, armateur de La Jeune Sophie, et 5 matelots, embarquèrent sur la frêle chaloupe qu’ils avaient réussi à sauver, en direction de Rio de Janeiro (240 lieux dans une mer déchaînée) pour solliciter l’aide des secours du consul de France. 19 personnes, dont Duranton, restaient sur l’île avec bien peu de vivres et pas d’armes pour s’en procurer. On désespérait lorsque, le 21 septembre, un navire battant pavillon américain fut en vue de l’île. Celui-ci, le Mary Elisa, de Salem (Massachussetts), se rendait à Sumatra. Pour déposer les naufragés, le capitaine du navire, Joseph Beadle, accepta de dévier sa course vers le cap de Bonne-Espérance, et le 16 octobre, on mouillait dans la baie de la Table. Les naufragés furent ramenés en France par la Flûte du Roi La Normande, qui entra en rade de l’île d’Aix le 20 décembre 1817 (d'après les renseignements du site Marines, par Alain Clouet et les Annales Maritimes et Coloniales, année 1818, 2ème partie, p. 1 à 11).
N’oublions pas la chaloupe que commandait Devaux, parti à Rio de Janeiro. Celle-ci y parvint le 31 août au soir. Dès que le capitaine eut fait son rapport au consul de France, celui-ci prévint le gouvernement portugais, pour obtenir un navire, navire qui parti du port le 6 septembre, avec à son bord Devaux et les cinq matelots, qui parvint à l’île de la Trinité le 27. Là, ils ne trouvèrent que les restes d’une habitation temporaire, déserte bien évidemment, avec une lettre adressée au capitaine de la Jeune Sophie :

« Lettre à M. le Capitaine Devaux, commandant le brig la Jeune Sophie, naufragé sur cette rade à la suite d'un incendie en mer, occasionné par l'huile de vitriol.
Mon Cher Capitaine,
Nous attendons avec la plus vive impatience que vous soyez de retour de Rio-Janeiro, où vous êtes allé dans notre frêle chaloupe. Incertains sur votre sort, et ne sachant pis si, dans le moment actuel, nous devons pleurer votre perte, nous avons pris la résolution d'accepter l'offre généreuse et désintéressée qui nous a été faite par le capitaine d'un navire américain (la Maria Elisa) de Salem, destiné pour l'île de Sumatra, qui veut bien se charger de nous mettre gratuitement au cap de Bonne-Espérance, en se contentant seulement du fret des marchandises.
Le capitaine Bertrand me charge de vous annoncer que ne pouvant rester seul dans cette île, il a dû céder aux extrémités, en suivant l'impulsion générale. Recevez, mon cher capitaine, avec l'assurance des regrets que nous éprouvons de nous trouver séparés de vous, les vœux que nous faisons pour votre bonheur.
Au nom de nos camarades d'infortune, et par ordre de M. Bertrand, de présent à bord du navire, votre serviteur.
Signé Duranton, ex-capitaine d'infanterie. Ce lundi 21 septembre 1817. »

Duranton, ruiné par ce naufrage, adressa en vain deux pétitions au ministère de la Marine, afin d’obtenir un emploi civil ou militaire aux Antilles ou en Inde, ou à défaut, un passage pour l’île de Cuba. Le 24 septembre 1818, il fit part d’une nouvelle demande : « Né à Saint-Domingue et fils d'un ancien commissaire de la Marine et ensuite ordonnateur de cette colonie, j'ose supplier Votre Excellence de vouloir bien m'accorder un emploi d'officier d'administration dans la colonie qu'on doit établir au Sénégal. Je m'estimerais heureux si les longs et anciens services de mon père pouvaient être auprès de Votre Excellence un titre pour obtenir cette grâce que je m'efforcerais de mériter par mon zèle et mon dévouement. »
Il vivait alors chez son oncle Louis Gabriel Buchey, au n°8 rue de Hanovre, et cette demande lui fut accordé. Il fut nommé commis auxiliaire par le baron Portal, ministre de la marine, en date du 10 février 1819. Informé le 24 mars de cette décision, Duranton embarqua de nouveau sur La Normande, qui partit de Rochefort le 1er avril. Une avarie força le navire à mouiller à Cadix, le 14 avril, et on atteignit enfin le Sénégal le 30 juillet. À bord, il rencontra Henri Grout de Beaufort, élève de 1ère classe, qui, comme lui, devait beaucoup compter pour l’exploration de ces terres lointaines. Tous deux devaient y mourir.
Très vite, on lui confia le service administratif à Dagana, devant devenir un avant-poste important. Il prit possession de son poste le 16 novembre. Duranton ne chôma pas, mais suite à des irrégularités dont il fut accusé, il fut rayé des contrôles en 1821. L’année suivante, il passa au service de la Société de Galam, constituée pour faire du commerce dans le haut Sénégal, et prit des fonctions à Bakel.
En 1824, ayant l’ambition de rallier Tombouctou, il entreprit une expédition pour remonter le fleuve Sénégal, mais s’arrêta à Félou. Cette expédition lui permit cependant d’acquérir une certaine notoriété.
Quatre ans plus tard, n’ayant pas renoncé à ses ambitions, il se rendit en France pour rencontrer de Chabrol, ministre de la Marine (un auvergnat), qui lui refusa la promesse d’ « une récompense de 200.000 francs dans le cas où il parviendrait à Tombouctou. Il fut cependant chargé de diriger une expédition dans le Bambouck, avec un traitement annuel de 8.000 francs (Revue des questions historiques, Marquis de Beaucourt, 50ème année, 3ème série, tome 1, juillet 1922, p. 232). » Il fut accompagné par Mouttet , un ancien officier du génie, et par Tourette, ancien élève de l’école des Mines de Saint-Étienne, deux minéralogistes. Une brouille entre Duranton et Tourette fit échouer la mission, et l’aventurier vint s’installer au Khasso, qu’il avait découvert lors de sa précédente expédition.
Il y avait rencontré le roi qui y règnait, Hawa Demba Diallo, et tous deux créèrent le fort de Médine, qui était, à l’époque, le poste français le plus éloigné de la côte. Il épousa la fille du roi, Sadioba, et on le perdit plus ou moins de vue.
Son caractère ambitieux, progressif et moderne causa bientôt sa perte. Plus tard, « la compagnie de Galam l’accusa de détourner le commerce dans la région, au profit des comptoirs anglais de Gambie » (Présences françaises outre-mer, XVIe-XXIe siècles, p. 507). Il fut emmené à Saint-Louis, jugé, puis acquitté tant il montra sa loyauté envers son pays d’origine. « Il bénéficia d’un non-lieu, mais dut prendre l’engagement de ne  point retourner au Khasso. Il se hâta de parjurer et de rentrer à Médine. » Sa mésentente croissante avec l’administration et les différents gouverneurs le poussa à bout et il finit par céder : en juillet 1838, il sollicitait un retour en France. Faveur qu’il demandait trop tard, car il mourut le 3 septembre 1838, à Médine, dans le Khasso. Tout comme sur sa date de naissance, il existe de nombreuses contradictions sur celle de son décès : j’ai relevé dans les biographies et bibliographies celles de 1838, 1839, 1840 voir 1843. Son décès est pourtant relevé par le gouverneur du Sénégal lui-même, par un courrier du 20 octobre 1838 (il fallut 15 jours à son domestique pour signaler sa disparition aux autorités de Bakel), reçu en métropole le 3 janvier suivant, l’inventaire de ses biens ayant eu lieu le 18 septembre (Dossier Duranton aux A.N.O.M., relevé par les bénévoles du Fil d’Ariane, dont je remercie vivement les recherches).
De son union avec la princesse Sadioba, Ferdinand Duranton avait eu deux enfants, au destin particulièrement tragique.
Alors adolescente, Marie, sa fille, fut confié par Sadioba à la famille du maire de Saint-Louis. Elle fut alors violée par le fils du maître de maison, et sa mère ne put que la ramener au Khasso. En 1857, l’armée de l’Empire toucouleur, comptant 20.000 à 25.000 hommes, fit le siège du fort de Médine, où se trouvait la famille. Le siège dura 97 jours, et, le 18 juillet 1857, il ne restait plus aucune vivre. « Le commandant Sergent Desplat, à court de munitions, prépara des grenades pour se faire sauter quand il verrait l’ennemi dans la place . » Alors que tout est perdu, un bateau à vapeur, conduit par le gouverneur du Sénégal lui-même, Faidherbe, transportant 500 combattants, arriva en vue du Fort, et les assiégeants quittèrent le secteur. Le Fort fut sauvé.


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Cependant, Marie Duranton était morte la veille, à l’âge de 17 ans. La tombe de Marie est toujours visible de nos jours dans la cour du Fort (d’après Ces pionniers qui reposent au Mali, par Sébastien Philippe, I&M - Bulletin n°30, p. 25). Elle indique une naissance en 1841, incompatible avec la date de décès de son père.
Son frère, Jean Ferdinand Claude, surnommé « Almanzor », naquit vers 1833. Il fut envoyé en France, pour recevoir une instruction dans les grandes écoles : en mai 1840, il partait à bord de la frégate « La Pénélope », commandé par Bouët-Wilaumez, pour continuer ses études au collège de Lorient (Histoire des organisations d'étudiants africains en France (1900-1950), par Amady Aly Dieng, 2011). Sorti de la promotion 1854 de Saint-Cyr, celui-ci entra dans l’école de l’État-Major, où il demandait, en 1864, les états de services de son père au ministre de la Marine. Il devint capitaine, « mais on hésita à l’affecter au Sénégal, où il aurait porté ombrage à son oncle maternel, le roi Sambala : n’avait-il pas en 1860, sollicité de l’empereur le titre de prince de Khasso et le droit d’arborer des armoiries ? » (Le Sénégal sous le second Empire: naissance d'un empire colonial (1850-1871), Yves-Jean Saint-Martin, 1989, p. 268).

Duranton était pourtant recommandé par le ministre de la guerre, Jacques Louis Randon, en 1865, comme l’indique cette lettre envoyé par ce dernier au ministre de la marine et des colonies de ce temps, Prosper de Chasseloup-Laubat :



Paris, le 12 janvier 1865,
Monsieur le Ministre et chez collègue, par dépêche du 24 octobre 1861, vous m’avez demandé de mettre à votre disposition un officier d’État-Major, capitaine ou lieutenant, pour être attaché à l’État-Major de Mr le gouverneur du Sénégal.
Mr le capitaine d’État-Major Duranton, actuellement employé aux travaux topographiques de la carte de France, sollicite cet emploi inoccupé en ce moment par suite de la rentrée en France de Mr le capitaine Martin, et cet officier conviendrait peut-être d’autant mieux aux fonctions dont il s’agit qu’il est originaire de la colonie et allié à des familles influentes de ce pays.
Je suis prêt à mettre Mr Duranton à la disposition de votre département à cet effort, si Votre Excellence donne son assentiment à cette désignation.
Agréer, Monsieur le Ministre et cher collègue, la nouvelle assurance de ma haute considération,
Le Maréchal de France, Ministre secrétaire d’état de la guerre, Randon.

Duranton avait effectué la demande de reconnaissance de noblesse le 28 janvier 1860 (Annuaire de la noblesse de France et des Maisons souveraines de l’Europe, 1861, volume 18, p. 312.), mais « le refus à peine courtois qu’on lui opposa et la médiocrité de sa vie en France conduisirent Duranton au suicide (…) » (Le Sénégal sous le second Empire: naissance d'un empire colonial (1850-1871), Yves-Jean Saint-Martin, 1989, p. 268). 
Cet extrait précise qu’il mourut à Nice, or, grâce au soutien du Fil d’Ariane, je sais qu’il n’en est rien, puisqu’il mourut le 2 septembre 1868 à l’hôpital militaire de Lille, à l’âge de 35 ans et neuf mois.
Il avait été, dès 1865, membre de la Société de Géographie, et habitait alors au n°2, rue Vivienne, à Paris (Bulletin de la Société de géographie, 5ème série, tome XII, 1866, p. 7). Son décès y fut annoncé brièvement (Bulletin de la Société de géographie, 5ème série, tome XVII, 1869, p. 198).
Ainsi s’éteignait le dernier de la lignée de Jean Buchey et de Catherine Piau. Sa mère, la princesse Sadioba, vivait encore en 1875, alors qu’elle demandait alors au gouvernement français quelle était la destination des biens de son fils, dont elle était l’unique héritière. Après enquête du ministère de la guerre, il fut découvert que ses successions, effets, objets ou valeurs ayant appartenu au défunt avaient été remis, le 30 juin 1869, à M. de Saint-Preux, capitaine de l’État-Major, fondé de pouvoirs.