dimanche 2 juillet 2017

Les enceintes des Bois de Rantonneau


La première consiste, comme les précédentes, en un parapet de terre avec fossé formant un clos (A) de 25 mètres du nord-ouest au sud-est et de 20 mètres du sud-ouest au nord-est ; d'autres traces de fossés se voient au nord-ouest et au sud-est et font penser qu'ils enveloppaient l'enceinte (A). (B) et (B), indiquent deux fosses dont l'une semble avoir conservé un fragment du parement en pierres sèches qui soutenait la terre. (C) et (G), indiquent des traces de constructions en pierres sèches, du moins les moellons qu'on y voit le font supposer. Les remparts peuvent avoir 2 mètres de haut et les fossés 3 mètres de large.

Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai
Pierre-Amédée Brouillet, 1865, pl. 9, fig. 2

Une autre enceinte dans ce même bois est assez curieuse et pourrait bien avoir été, comme la précédente, l'une de ces maisons de campagne dont parle César et que possédaient au milieu des bois les riches seigneurs gaulois.
.... Sed hoc eo factum est, quod oedificio circumdato silvâ, ut suni fere domicilia Galloram, qui vitandi oestus causa, plerum que silvarum ac fluminum petunt propinquitates (La guerre des Gaules, livre VI.)
Vitruve nous a laissé de précieux renseignements sur les habitations des Gaulois. Les oedificia, dit-il, ne sont chez plusieurs nations que des constructions faites de branches d'arbres, de roseaux et de boue. Il en est ainsi de la Gaule, de I'Espagne, du Portugal et de l'Angleterre. Les maisons n'y sont couvertes que de planches grossières ou de paille (scandulis robureis aut stramentis), Vitruve, livre 2, Chapitre 2.
Ces maisons qui n'avaient point de fenêtres étaient de forme ovale, où rectangulaire. Elles s'élevaient parfois sur des fondements en pierres sèches. (Gorbeiet, Manuel d'archéologie national).
Voici encore des renseignements précieux puisés dans l'histoire de France de MM. Bordier et Charton : "Les habitations gauloises étaient ordinairement placées sur la lisière des bois ou sur le bord des fleuves. L'extrême légèreté de leurs constructions obligeait les habitants à chercher de cette manière un refuge contre l'ardeur du soleil, qu'ils redoutaient plus que la rigueur du froid. Les maisons, ordinairement de forme ronde et surmontées d'un toit, conique, étaient de bois, quelques fois de pierres brutes jointes avec de la terre glaise ; d'autre, fois, les murailles du logis étaient faites de deux claies d'osier fixées à quelques centimètres l'une de l'autre, et dans l'intervalle desquelles ont pétrissait de la terre argileuse et de la paille hachée. Pour les familles du peuple, l'édifice était une maison ronde, dé six à douze mètres de tour, et couverte de chaume ou de planchettes de bois réunies au sommet, comme sont encore les huttes que nos charbonniers se construisent dans les bois. Les maisons riches pouvaient avoir jusqu'à une quarantaine de mètres en largeur.
Souvent il n'y avait pas de fenêtres ; le toit descendant fort bas , on gagnait de la hauteur en creusant le sol de l'habitation jusqu'à une certaine profondeur, et l'on entrait, ou plutôt l'on descendait par une petite rampe ménagée devant la porte. Le fond était battu, bien uni, et sans humidité, la cavité était toujours creusée sur un terrain perméable, ou rendu tel par quelque fuite pratiquée artificiellement. Les-grandes maisons étaient sans doute partagées à l'intérieur par des cloisons formant divers appartements; dans quelques unes de ces cavités qui subsistent encore, on remarque, à moitié de la hauteur, une sorte de rebord intérieur régnant tout autour du creux et ayant probablement servi à soutenir un plancher.
Celle-ci se compose d'un carré-long (A), ayant 20 mètres de l'est à l'ouest et 10 mètres du nord au sud. Des murs avec fossés formaient une enceinte autour de cette habitation. Une tombelle (B), composée de terre, reliait ces murs et faisait l'office de tour ; elle a 25 mètres de circonférence et 3 mètres de haut. Cette enceinte, ainsi que la précédente , ne peuvent avoir appartenu qu'à quelques habitations particulières.


Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai
Pierre-Amédée Brouillet, 1865, pl. 9, fig. 1

samedi 1 juillet 2017

Le retranchement des Âges

Brouillet, dans son indicateur, vous avait parlé des margelles de Fayolle. Il en est, aux Âges, que des fosses lui paraissent faites de la main de l'homme. Située sur un plateau de l'autre côté de la Charente par rapport à Fayolle, un fosse sous le nom de Creux-de-l'Houme, de Champ-du-Chiron, de Champ-du-Roc ou de Pierre-du-Teil, est très rapprochée de retranchements et d'anciennes constructions qui lui semblent avoir été un point militaire important.

Sur des rochers à pic baignés par le fleuve, dans le bois des Âges, il remarque de "grands bouleversements de terrain qui annoncent qu'autrefois il existait en ces lieux d'importantes constructions".

Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai
Pierre-Amédée Brouillet, 1865, pl. 7, fig. 2 

"Défendu au nord par la rivière et l'escarpement des rochers on avait multiplié les obstacles au sud, à l'est et à l'ouest."
"Ces remparts", dit-il, "se composent de terre et de pierres, de murs en avant desquels existents des fossés plus ou moins larges ; ils décrivent des demi-cercles, forment rarement des lignes droites et enveloppent une immense surface de terrain."
Il y trouve "des débris de tuiles, de briques et de poteries grossières, un carré (A), placé sur le bord des rochers, n'était accessible que du côté sud, mais il était entouré de constructions formidables ; une espèce de puits (O) creusé dans la pierre, communiquait à des cavernes situées au bas du coteau, sur le bord de la rivière" (en fait, la Charente est un fleuve).

Brouillet poursuit en prétendant qu'il y a existé un château. En effet, dans une transaction passée en 1628 entre Noël Perax, curé de Saint-Nicolas de Civrau, et Claude Pidoux, il est question du lieu ou était anciennement le Château des Âges (Notes historiques sur la ville de Civrai de Léon Faye). Le château des Âges, était bâti sur le sommet du côteau de ce nom, dont il n'en existe plus aucun vestige. Ce château a pu être une de ces habitations comme en possédaient les riches seigneurs gallo-romains, et qui étaient à la fois des maisons de plaisance et des forteresses.


Sources : Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civrai, Pierre-Amédée Brouillet, 1865, p. 216.