dimanche 19 novembre 2017

Le moulin du pharmacien


Un moulin est vivant. Il évolue en fonction des propriétaires et des exploitants, mais surtout au gré du fleuve. Pour cette raison, la période Peyramaure du moulin des Âges est passionnante.

Antoine Peyramaure, fils de Léonard et de Louise Pichon, est né vers 1838 à Payzac (Dordogne). Il s'installe comme pharmacien à Civray où il épouse, le 24 avril 1867, Marie-Éliza Mongin, fille de Jean-Baptiste Adolphe, négociant — qui possède le moulin des Âges, et de Françoise Zora Condamy, d'une famille venant de la région d'Angoulême. Il meurt le 30 janvier 1903 à Civray.

Début septembre 1884, Peyramaure est propriétaire du moulin. Il demande l'autorisation au Préfet pour réparer la chaussée du moulin — la chaussée concernée n'est pas précisée. Sa demande est reçu le 18 septembre et est transmise au service hydraulique des Ponts et Chaussées du département de la Vienne. L'ingénieur ordinaire, Goury du Roslan, transmets son rapport le 4 octobre suivant et conclut qu'"il n'y a aucune opposition à faire aux travaux projetés par le pétitionnaire, pourvu toutefois qu'ils n'apportent aucun obstacle au libre écoulement des eaux". Il ajoute toutefois que le moulin n'est pas réglé.

Plan du moulin des Âges, 4 octobre 1884
AD86, cote 7 S 20

Un arrêté préfectoral est établi le 9 octobre suivant qui autorise Peyramaure à exécuter les travaux. Les travaux sont contrôlés : un procès-verbal de récolement est établi par un conducteur des Ponts et Chaussées le 29 septembre 1885.

L'inactivité du moulin se ressent : il tombe en ruine. Peyramaure demande une nouvelle autorisation à refaire les vannes et quelques réparations aux chaussées, en date du 18 octobre 1894.

Pétition d'Antoine Peyramaure, 18 octobre 1894
AD86 - cote 7 S 20

Un nouvel extrait des plans du moulin précise la position des vannes à refaire :

Plan du moulin, 16 novembre 1894
AD86 - cote 7 S 20

Cette nouvelle demande va faire l'objet d'une visite par un conducteur des Ponts et Chaussées. Celui-ci indique "que la réfection du vannage ne portera que sur les vannes proprement dites et que les montants et le chapeau du vannage ne seront pas touchés". Il ajoute "que les réparations à la chaussée consisteront dans la mise en place de quelques pierres enlevées par les eaux et le comblement de vides occasionnant des voies d'eau".
Le moulin n'est toujours pas réglé. Le conducteur précise que "le vannage de décharge se compose de tois vannes mesurant respectivement 0,54 m, 0,57 m et 0,53 m, soit une largeur libre de 1,64 m et une hauteur de 1,46 m. Leur seuil est à 2,65 m en contre-bas du commencement du bajoyer en maçonnerie".
Il constate que ces vannes sont en très mauvais état. Comme aucune plainte n'a été déposé, il n'y a aucun inconvénient à procéder aux réparations envisagées. Il est demandé que les dimensions des vannes et le niveau de chaussée soient tout de même conservés.

De nouvelles réparations des chaussées, en raison des crues, sont demandées, suite à une pétition de Peyramaure en date du 15 mars 1897. Les travaux se font suivant un arrêté préfectoral du 28 avril 1897 et un procès verbal, établi le 30 avril 1898, indique que "les chaussées ont été réparées sans élever le niveau de la retenue et sans apporter aucun nouvel obstacle au libre écoulement des eaux".


Après la mort de Peyramaure, sa veuve fera une nouvelle demande de réparations sur les chaussées, par pétition du 30 août 1905.

Pétition de Mme Peyramaure, 30 août 1905
AD86 - cote 7 S 20

D'après ses déclarations, elle ne désire remettre en état que la chaussée bordant le canal d'amenée des eaux au moulin :

Plan du moulin, 18 septembre 1905
AD86 - cote 7 S 20


L'hiver précédent, les crues de la Charente ont provoquées quelques brèches de la partie supérieure de la chaussée. Aucune objection n'est prononcé sur ce projet de réparations, la demande de travaux est acceptée par arrêté préfectoral du 9 octobre 1905. Le maire de Savigné transmet cette autorisation au fermier de Mme Peyramaure, M. Gervais, le 18 octobre suivant :


Notification du maire de Savigné
AD86 - cote 7 S 20


Monsieur Gervais n'est autre que l'époux d'Eulalie Roux et le gendre de Louis Roux, ancien meunier des Âges — l'un des derniers représentants de l'ancienne famille exploitant le moulin.

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