dimanche 21 mai 2017

Pierre Buchey, marchand orfèvre et bijoutier à Angoulême

Au début du XVIIIe siècle, « la grande partie de la faïence utilisée en Angoumois venait alors de Hollande. Elle était apportée dans toute la vallée de la Charente par des bateaux hollandais qui venaient chercher à la Rochelle et à Tonnay-Charente les vins, les eaux-de-vie et les papiers d’Angoumois et par des gabarres qui remontaient le fleuve jusqu’au port de l’Houmeau, où les relations entre les fabricants de papier et les hollandais étaient depuis longtemps établies. C’est du reste cette situation qui avait incité Louis Sazerac à fonder sa faïencerie à Saintes ; Il le déclare lui-même quand il sollicite un droit exclusif de fabrication de faïence en Saintonge pendant une durée de 20 années d’avoir installé sa manufacture des Roches, près de Saintes, en 1731 » (Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, p. 60, année 1934).
Louis, marchand et juge-consul de la juridiction de Saintes, fut l’époux de Michelle Imbault, qu’il avait épousé le 13 février 1697 à Cognac. Sa famille tirait probablement son origine d’un fondeur de cloche, Bernard Sazerac, installé à Angoulême vers 1680 (celui-ci fut le parrain de son petit-fils Bernard Sazerac, fils de Jean, marchand, et d’Antoinette Bion, le 29 octobre 1702 à la paroisse du Petit-Saint-Cybard d’Anbgoulême). De son union, Louis Sazerac eut au moins deux fils :
Louis, né vers 1709, sieur des Roches, fut juge-consul d’Angoulême, et y épousa, le 28 février 1737, paroisse Saint-André, Marguerite Clavaud. De sa descendance, naîtront les Sazerac de Forges, famille très connue d’Angoulême.
Bernard, son autre fils, vint créer une filiale de la faïencerie paternelle à Angoulême, centre de l’Angoumois, vers 1748. Son installation ne se fit pas sans mal, car Sazerac « devant lui, à Angoulême, un sieur Massié, qui l’avait devancé et qui voulut l’empêcher d’exercer son industrie. » Cette affaire fut résolue devant le conseil de la ville en 1751, et sa manufacture, « placée au port de l’Houmeau, au centre des affaires, s’ouvrait au moment où la politique commerciale de la France tendait vers plus de liberté dans les échanges. » Le monopole demandé par Louis Sazerac lui avait été refusé, celui de J.-B. Hustin à Bordeaux également.
Bernard Sazerac, alors âgé de 31 ans, épousa, le 29 juin 1746, à Saint-André d’Angoulême, la belle-sœur de son frère Louis, Marie-Charlotte Clavaud, fille de Laurent, alors marchand, et de Marguerite Leclerc, et à ce titre il sera le futur beau-frère de Marie Buchey, épouse de Jean Clavaud. A partir de 1748, il était qualifié de « manufacturier en fayence » et « sa manufacture prit une certaine importance ; il étendit ses immeubles et fit venir des artisans fayenciers de quelques grands centres de fabrication. » (Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1894, p. 285)
Il mourut le 26 juillet 1774, et sa veuve lui succéda et y associa son fils Louis peu de temps après. La faïencerie « Veuve Sazerac et fils » prospéra jusqu’au moment des guerres de la Révolution, puis « ses ouvriers étant aux armées, aux termes de sa déclaration de contribution personnelle, an VI, 18 brumaire, Louis Sazerac fut obligé d’employer des prisonniers de guerre internés à Angoulême. » (Id.)
La manufacture poursuivit son activité durant le XIXe siècle : Louis Sazerac céda son fond à Jean-Baptiste Glaumont, son gendre, en l’an VII, qui avait épousé Jeanne Sazerac (du second mariage de son père avec Françoise Giraud), le 29 ventôse de l’an IV à Angoulême., puis au fils de ces derniers, Jean-Baptiste Louis Glaumont, né le 10 ventôse de l’an V. Ce dernier vendit la faïencerie en 1842 à François-Léon Durandeau.
Bernard Sazerac, fondeur de cloches d'Angoulême
Louis Sazerac, faïencier à Saintes, époux de Michelle Imbault
Jean Sazerac, époux d'Antoinette Bion
Louis Sazerac, sieur des Roches,
(~1709-1778),
époux de Marguerite Clavaud
Bernard
Sazerac
(~1715-1774),
époux de
Marie-
Charlotte Clavaud
Bernard Sazerac, sieur de Forge, époux de Thérèse de Brême
Louis Sazerac
(1747-?),
époux de Jeanne Dupuy
Jean-Baptiste Sazerac, époux d'Élisabeth Alix Mitault
Louis Sazerac, époux de Marie-Magdeleine Mitault, puis de Françoise Giraud
Marie-Jacquette Sazerac
(1757-?),
épouse de Pierre Buchey
Marie Sazerac
(~1763-1791),
épouse de Pierre Buchey


Pierre Buchey (le deuxième), fut baptisé le 7 mai 1754 à Saint-André d’Angoulême. Il épousa, le 14 novembre 1780, à Saint-Jacques-de-L’Houmeau, l’une des filles de Bernard Sazerac, Marie, née vers 1763. Celle-ci fut inhumée quelques années plus tard, le 11 octobre 1791, à Angoulême.
Pierre Buchey, pour une raison ou une autre, émigra aux Amériques, à New-York. Son destin croisa une descendante des Sire d’Acadie.
Pierre Buchey
(1754-1837),
époux de Marie Sazerac, puis de Victoire Sire
Pierre Charles Buchey
(1781-?)
Jean-Baptiste Buchey
(1782-1849),
époux de Fanny Robin, puis de Marie-Athénaïde Lefebvre
Eugène Pierre Buchey
(1797-1848),
époux d'Augustine Aimée Loué
Charlotte
Virginie
Buchey
(1801-1846),
épouse de
Charles Désiré
Lelong
Pierre André Jules Buchey
(1811-1832)
Pierre Charles Adrien Lelong
(~1823-1885), époux de Jeanne Fortier

Les Sire (volontiers orthographiés Cyr), appartenaient à une célèbre et grande famille acadienne. Pierre Sire, l’aïeul, s’établit à Port-Royale vers 1668, et pratiquait le métier d’armurier. Peu après son arrivée, il épousa Marie Bourgeois, fille de Jacques, chirurgien royal, et de Jeanne Trahan. Son beau-père était l’un des personnages les plus importants de ce lieu : « Jacques Bourgeois, un des habitants les plus prospères de Port-Royal (il possédait déjà 33 bêtes à cornes et un troupeau de moutons, en 1671), avait commencé, vers 1672, le développement d’une nouvelle colonie, sur l’un des prolongements de la baie Française (Fundy), connu de nos jours sous le nom de Cumberland Basin, à un endroit que les Indiens appelaient Chignectou. Venu en Acadie sous d’Aulnay, vers 1640, en qualité de chirurgien, Jacques Bourgeois s’occupait de cabotage sur la baie Française et de commerce avec les Indiens. En 1672, il était âgé de 53 ans. L’établissement qu’il fonda à Chignectou porta d’abord le nom de colonie Bourgeois et il était situé sur une élévation de terrain, longeant la rive sud de la petite rivière Missagouèche, soit entre la pointe Beauséjour et la ville actuelle d’Amherst. » (Histoire des Acadiens, Bona Arsenault, 2004, p.81.)
Pierre Sire mourut quelques années plus tard, après avoir donné eu trois fils, et sa veuve se remaria le 9 juin 1680.
Guillaume, né vers 1679, dernier de ses fils, fut l’époux de Marguerite Bourg. Il en eut au moins 9 enfants, dont Jean, dit « Genga », né vers 1710. Celui-ci épousa, le 3 février 1733, à Beaubassin, Anne Bourgeois, fille de Charles et de Marie Blanchard, descendante de Jacques et de Jeanne Trahan.


Le lieutenant-colonel, Robert Monckton,
dans le fort Beauséjour annonce à deux acadiens,
Pierre Cormier et Jean Cyr,
que leurs terres et leurs biens vont être
confisqués et qu'ils seront déportés
dans les colonies anglaises de la côte Atlantique.
Source : © Maison de cire de l'Acadie
Jean Sire fut déporté au Massachussetts : il était l’un des acteurs du grand dérangement  : « Afin d'affirmer leur droit et leur influence sur le territoire qu'il considère être l'Acadie française, les autorités françaises décident de construire le fort Beauséjour, en 1751. Plus de onze cents Acadiens et Acadiennes s'y rendront au début des années 1750 afin de se placer sous la protection du roi de France. En 1755, à la veille de la guerre de Sept Ans, les Anglais décident de s'emparer du fort Beauséjour. En juin de la même année, le lieutenant-colonel Robert Monckton arrive devant le fort à la tête d'une expédition militaire et il s'en empare après un court siège. Plusieurs Acadiens étaient dans le fort Beauséjour au moment où les Britanniques l'ont capturé. Nous voyons ici le lieutenant-colonel, Robert Monckton, dans le fort Beauséjour annoncer à deux acadiens, Pierre Cormier et Jean Cyr, que leurs terres et leurs biens vont être confisqués et qu'ils seront déportés dans les colonies anglaises de la côte Atlantique. « Vous n'avez pas le droit, nous sommes neutres, vous nous avez donné votre parole que nous pourrions toujours rester ici sur nos terres en Acadie. » C'est dans la région du fort Beauséjour que la déportation commence à l'été de 1755. » (Le Grand Dérangement - Maison de cire de l'Acadie)

Il était établi à Miquelon entre 1763 et 1772, puis vint à la Rochelle, où il mourut le 6 février 1779. De leur union, on comptait également 9 enfants, dont Jean, né vers 1736. Celui-ci épousa, le 3 février 1763, à Beaubassin, Marguerite Dugas, fille de Joseph et de Marguerite Leblanc. De leur union, naquirent :
  1. Jean, né vers 1764.
  2. Fabien, né vers 1766.
  3. Joseph, né le 23 septembre 1768 à Miquelon.
  4. Xavier, né le 21 octobre 1770 à Miquelon.
  5. Marie-Josephe, née le 18 mars 1773 à Miquelon.
  6. Jacques, né vers 1775.
  7. Marguerite, née vers 1777.
  8. et Victoire, née le 30 janvier 1780 et baptisée le lendemain à Saint-Servan (Ile-et-Vilaine).
Veuf de Marie Sazerac, Pierre Buchey épousa donc Victoire Sire, la dernière de la fratie, le 2 fructidor de l’an IX, à Angoulême, devant Jean-Baptiste Clavaud l’aîné, adjoint de la municipalité. La légende retient qu’à son mariage, la naissance de Victoire avait été mentionnée par erreur comme survenu à Miquelon. Cette erreur fut rectifiée par jugement du tribunal civil d’Angoulême, en date du 12 janvier 1822.

De ses deux mariages, Pierre Buchey eut :

  1. du premier lit, Pierre Charles, baptisé le 17 août 1781 à Saint-André d’Angoulême.
  2. et Jean-Baptiste, baptisé le 5 septembre 1782 à Saint-André d’Angoulême, dont il sera question plus loin.
  3. et du second lit, Eugène Pierre, né le 12 février 1797 à New-York.
  4. Charlotte Virginie, née le 15 germinal de l’an IX à Angoulême.
  5. et enfin, Pierre André Jules, né le 12 septembre 1811 à Paris (6ème arrondissement ancien).
Victoire Sire mourut à Paris le 26 août 1823, et son plus jeune fils, Pierre André Jules, alors étudiant en droit, mourut à 20 ans le 15 juillet 1832 à Courtry.
Pierre Buchey mourut à son tour, le 20 mai 1837, à Paris, ayant pour héritiers ses deux fils, Jean-Baptiste et Pierre-Eugène, ainsi que son gendre Charles Désiré Lelong.
Charlotte Virginie Buchey avait épousé, par contrat du 29 avril 1821, devant Herbelin, notaire à Paris, Charles Désiré Lelong, ouvrier bijoutier, fils de Charles Adrien Norbert, fabricant de bijoux, et de Marguerite Madeleine Degournay, et elle mourut le 30 avril 1846 à Paris (12ème arrondissement ancien). De leur union, je n’ai trouvé qu’un fils : Pierre Charles Adrien, né vers 1823 et décédé le 22 octobre 1885 à Paris (3ème arrondissement), qui avait épousé, le 9 septembre 1848, Jeanne Fortier.
Eugène Pierre, bijoutier, épousa, le 10 octobre 1844, à Paris (5ème arrondissement ancien), Augustine Aimée Loué, fille naturelle de Marie Loué.

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