Le 26 novembre 1848, Julie Racoffier, jeune fille de 19 ans, domestique chez les époux Pourrain à la Chauvellerie, va passer la soirée chez la femme Monthubert, qui vit au village du Magnou.
Plusieurs personnes se trouvent alors réunies chez cette femme, entre autres Jacques Mauduit, 50 ans, Jean Gayoux, 17 ans, et Pierre Bertrand, 20 ans. Après avoir passer une partie de la soirée à danser, la jeune fille se dispose à partir, quand Jacques Mauduit lui dit : "Julie, nous n'avons pas encore dansé ensemble". Et, la saisissant au même instant, il l’entraîne vers un coffre placé près d'un lit. La lumière s'étant éteinte, il la renverse sur ce lit, et appelle Pierre Bertrand et Jean Gayoux, en leur disant : Arrivez donc, les enfants !
Alors tous trois, après avoir mis ses vêtements en désordre et découvert sa gorge, passent leurs mains sous ses jupons et les portent à ses parties intimes. La jeune fille crie : "Au secours !" et ajoute : "je ne sais ce qu'ils veulent faire de moi ! Veulent-ils me violer ?" La douleur semble lui faire perdre connaissance.
Louis Texereau, ayant entendu ses appels, rallume enfin la lumière et fait cesser ces outrages. La scène n'a duré qu'un quart d'heure environ.
Le lendemain, la jeune fille est pâle et défaite, ses maîtres lui en font l'observation en la blâmant d'être aller au bal, mais elle se borne à répondre : "Le joli bal ! Je n'irai plus". Cependant, peu de jours après, elle confie à plusieurs personnes ce qui s'est passé, confidences qui aux dires de l'un d'eux, se résumera en ces termes : "qu'on lui avait fait subir toutes les indignités qu'on peut faire à une fille, sauf de la violer". Elle ajoute qu'elle a été forcé de laver son linge, et que, pendant quelques temps, son bas-ventre resta douloureux et tout noir. De leur côté, les trois gaillards se vantent à tout vent des attouchements auxquels il se sont livrés.
Ainsi, Bertrand et Gayoux avaient déclaré à Louis Texereau, peu de temps après le crime, qu'ils avaient introduit leurs doigts dans les parties les plus secrètes du corps de la jeune fille. Huit jours plus tard, Bertrand disait devant deux autres témoins qu'ayant porté sa main sur le bas-ventre de la fille Racoffier, il y avait rencontré deux autres mains et n'était allé plus avant.
Enfin, le 5 décembre, Gayoux racontait les mêmes circonstances et ajoutait que leurs mains étaient tâchées de sang, l'obligeant à aller les laver dans une mare. A ce moment-là, Julie Racoffier passait près de lui, et Mauduit lui aurait dit : "tu n'es pas contente, je ne t'ai pas bien arrangé, mais je t'arrangerai mieux une autre fois". Gayoux aurait rajouté que la jeune fille "devait bien pisser le lendemain parce que lui, Mauduit et Bertrand lui aviez diablement ouvert le trou, et que le vieux Mauduit" était le pire des trois.
Informée de leur vantardise, Julie Racoffier manifeste l'intention de les dénoncer. Sa maîtresse, la femme Pourrain, lui conseille dès-lors de leur exiger de l'argent. Elle prévient le père de la jeune fille, qui porte sa plainte devant le maire Marchive. Ce dernier conseille aux accusés de ne pas laisser poursuivre l'affaire et de donner de l'argent pour l'arranger.
Ils veulent lui offrir de l'argent, elle repousse leur offre. Cependant, l'influence qu'on exerce sur la jeune fille la pousse à ne pas avouer le crime devant le juge d'instruction. Elle cherche même à disculper deux de ses agresseurs. Dans un élan d'abnégation, Mauduit était même allé jusqu'à accuser Jean Texereau, jardinier au Magnou, du méfait, à leur place. Jean Texereau, bien sûr, condamné 16 ans plus tôt, aux assises de la Vienne, pour avoir attenté à la vie du sieur Gayet (voir l'Affaire Jean Texereau) se fait un plaisir de charger les trois hommes, allant jusqu'à rencontrer Julie Racoffier pour qu'elle amplifie le mal qu'ils lui avaient causé. Ceci ne joue guère la cause de la jeune fille, et on commence à croire qu'elle a imaginé le crime.
Pourtant, encouragé par l'un de ses oncles, elle se résout enfin à révéler toute la vérité et accepte la visite d'un médecin. Toutefois, deux mois se sont écoulés depuis l'agression, et le médecin ne peut que constater l'absence de traces des sévices que la jeune fille a reçu. Les accusés nient tous les faits durant leur interrogatoires, Mauduit, allant jusqu'à dire "que la colère de Dieu m'atteigne tout à l'heure si j'ai touché à la fille Racoffier, autrement que pour plaisanter".
Toutefois, les criminels s'étaient vantés de leur mauvaise action dès le soir du crime. Mauduit avait même dit au maire, qui essayait de lui arranger l'affaire : "Est-ce qu'on m'enverra aux galères pour avoir touché le sein d'une fille ?" Les doutes sont trop grands et ils sont mis en prévention le 9 février 1849, puis mis en examen le 16 dudit mois, suivant le réquisitoire du procureur général à la cour de Poitiers, et incarcérés dans la prison de Civray.
Le procès se tient le lundi 4 et mardi 5 juin 1849 et y sont convoqués les témoins suivants :
Julie Racoffier, née le 2 janvier 1829 à Savigné, était la fille de Pierre, maréchal, et de Julie Debenest. Elle donna naissance à Pierre, le 3 novembre 1852, et mourut célibataire le 15 avril 1860, à la Groie, à l'âge de 31 ans.
Jacques Mauduit, né le 17 nivôse de l'an V à Saint-Pierre-d'Exideuil, était le fils de Jacques et d'Anne Bouchet. Il avait épousé, le 5 février 1818, à Savigné, Magdeleine Thenaud, et mourut chez lui, au Magnou, le 28 juin 1861, à l'âge de 62 ans.
Jean Gadioux (alias Gayoux), fils de René, cultivateur, et de Marguerite Nautré, naquit le 4 octobre 1831 aux Coudrais de Civray. Cultivateur, il épousa, le 10 juillet 1856, à Civray, Marie-Simone Galois, servante à Civray, fille de Louis et de Marie Bouroumeau.
Pierre Bertrand, né le 4 avril 1828 à Savigné, était le fils de Pierre et de Marie Morichaud.
Sources : Archives départementales de la Vienne (2U1590).
Ainsi, Bertrand et Gayoux avaient déclaré à Louis Texereau, peu de temps après le crime, qu'ils avaient introduit leurs doigts dans les parties les plus secrètes du corps de la jeune fille. Huit jours plus tard, Bertrand disait devant deux autres témoins qu'ayant porté sa main sur le bas-ventre de la fille Racoffier, il y avait rencontré deux autres mains et n'était allé plus avant.
Enfin, le 5 décembre, Gayoux racontait les mêmes circonstances et ajoutait que leurs mains étaient tâchées de sang, l'obligeant à aller les laver dans une mare. A ce moment-là, Julie Racoffier passait près de lui, et Mauduit lui aurait dit : "tu n'es pas contente, je ne t'ai pas bien arrangé, mais je t'arrangerai mieux une autre fois". Gayoux aurait rajouté que la jeune fille "devait bien pisser le lendemain parce que lui, Mauduit et Bertrand lui aviez diablement ouvert le trou, et que le vieux Mauduit" était le pire des trois.
Informée de leur vantardise, Julie Racoffier manifeste l'intention de les dénoncer. Sa maîtresse, la femme Pourrain, lui conseille dès-lors de leur exiger de l'argent. Elle prévient le père de la jeune fille, qui porte sa plainte devant le maire Marchive. Ce dernier conseille aux accusés de ne pas laisser poursuivre l'affaire et de donner de l'argent pour l'arranger.
Ils veulent lui offrir de l'argent, elle repousse leur offre. Cependant, l'influence qu'on exerce sur la jeune fille la pousse à ne pas avouer le crime devant le juge d'instruction. Elle cherche même à disculper deux de ses agresseurs. Dans un élan d'abnégation, Mauduit était même allé jusqu'à accuser Jean Texereau, jardinier au Magnou, du méfait, à leur place. Jean Texereau, bien sûr, condamné 16 ans plus tôt, aux assises de la Vienne, pour avoir attenté à la vie du sieur Gayet (voir l'Affaire Jean Texereau) se fait un plaisir de charger les trois hommes, allant jusqu'à rencontrer Julie Racoffier pour qu'elle amplifie le mal qu'ils lui avaient causé. Ceci ne joue guère la cause de la jeune fille, et on commence à croire qu'elle a imaginé le crime.
Pourtant, encouragé par l'un de ses oncles, elle se résout enfin à révéler toute la vérité et accepte la visite d'un médecin. Toutefois, deux mois se sont écoulés depuis l'agression, et le médecin ne peut que constater l'absence de traces des sévices que la jeune fille a reçu. Les accusés nient tous les faits durant leur interrogatoires, Mauduit, allant jusqu'à dire "que la colère de Dieu m'atteigne tout à l'heure si j'ai touché à la fille Racoffier, autrement que pour plaisanter".
Toutefois, les criminels s'étaient vantés de leur mauvaise action dès le soir du crime. Mauduit avait même dit au maire, qui essayait de lui arranger l'affaire : "Est-ce qu'on m'enverra aux galères pour avoir touché le sein d'une fille ?" Les doutes sont trop grands et ils sont mis en prévention le 9 février 1849, puis mis en examen le 16 dudit mois, suivant le réquisitoire du procureur général à la cour de Poitiers, et incarcérés dans la prison de Civray.
Le procès se tient le lundi 4 et mardi 5 juin 1849 et y sont convoqués les témoins suivants :
- la victime Julie Racoffier, âgée de 19 ans, servante chez le sieur Pourrain, demeurant à la Chauvellerie de Savigné, en parlant à sieur Pourrain, aux charges de droit.
- Louis Texereau, meunier, âgé de 27 ans, demeurant à Périgné, dite commune de Savigné.
- Madeleine Gilot, âgée de 14 ans, servante demeurant au même lieu, était, avec sa maîtresse Madeleine Texereau, chez la femme Monthubert, 8 jours après le crime, lorsque cette dernière s'était vu répondre par Bertrand, également présent, qu'il n'avait pas fait de mal, qu'il "n'avait que porté la main à les parties". La jeune fille subit des pressions juste avant le procès.
- Madeleine Texereau, âgée de 20 ans, sans profession, demeurant audit lieu, était présente chez la femme Monthubert, 8 jours après le drame, et confirme le témoignage de sa servante.
- Jeanne Texereau, femme Monthubert, âgée de 25 ans, demeurant au Magnou, commune de Savigné. Elle était présente à la soirée. Elle entendit Julie Racoffier appeler à l'aide, alors qu'elle venait chercher son jeune fils dans un lit, sans dire cependant qu'on lui faisait du mal. Un peu plus tard, elle entendit Julie Racoffier appeler de nouveau à son secours, en désignant Louis Texereau, son frère.
- François-Ferdinand Marchive, âgé de 57 ans, maire de Savigné, demeurant au Chaffaud de la dite commune.
- François-Félix Coudert-Prévignaud, âgé de 40 ans, propriétaire au Ménard, dite commune.
- François Pourrain, âgé de 44 ans, demeurant à la Chauvellerie de Savigné.
- Pierre Racoffier, âgé de 49 ans, maréchal à Savigné.
- François Racoffier, âgé de 38 ans, sabotier demeurant au même lieu.
- Jacques Debenest, âgé de 38 ans, demeurant à Champagné-Lureau. Oncle de Julie Racoffier, il fut sacristain.
- Marie Boisjon, âgée de 16 ans, demeurant à Genouillé, en parlant à la femme Mauduit, sa maîtresse, aux charges de droit.
- Jean Texereau, âgé de 58 ans, journalier demeurant au Magnou de Savigné, qui connaît bien les assises, y ayant été condamné 16 ans plus tôt (voir l'Affaire Jean Texereau). Il fut accusé à tort du crime par Mauduit lui-même, comme nous le raconte François Brunet, cultivateur à la Garde, témoin non convoqué au tribunal.
- Louis Pourrain, âgé de 12 ans, demeurant à la Chauvellerie.
- Marie Rousseau, femme Pourrain, âgée de 45 ans, cultivatrice audit lieu. Elle rencontre, le 4 février, Jean Gayet, garde-particulier de Jacques Mauduit (victime du sieur Texereau 16 ans plus tôt), et évoque l'affaire avec lui, lui disant "croyez-vous, mon pauvre Gayet, que je n'aurais pas mieux fait de renvoyer depuis longtemps ma servante ?". Jean Texereau, "le gueux" [sic], était venu la tourmenter pour lui faire dire que sa servante lui avait rapporté que les inculpés lui auraient introduit le "bras dans la matrice" et qu'elle aurait répandu tant de sang que ses vêtements et son lit aurait été tout tâchés. Marie Rousseau nie avoir vu de sang ce soir-là. Elle ajoute, devant Gayet, et là, on s'éloigne totalement de l'affaire, qu'elle soupçonne Texereau de ne pas être étranger à l'incendie de sa grange, deux jours auparavant.
- Jeanne Saulnier, veuve Texereau, âgée de 50 ans, sans profession, demeurant à Périgné. Elle a entendu dire dans le voisinage que les trois accusés se vantaient du crime, dès le soir même. 15 jours après, elle rencontra Julie Racoffier, avec la femme Chiron, qui lui avoua que "les inculpés lui avaient fait toutes les indignités qu'on peut faire à une fille, sauf de la violer, qu'elle avait été pendant quelques jours n'ayant ni appétit ni sommeil".
- Antoinette Chiron, femme de Jean Chiron, journalier, âgée de 58 ans, demeurant à la Verdière de Savigné. Elle était en chemin avec Jeanne Saulnier, veuve Texereau, lorsqu'elle rencontra Julie Racoffier, qui leur raconta l'agression.
- Jeanne Texereau, femme Texereau, âgée de 51 ans, jardinière au Magnou, en parlant à sa belle-soeur aux charges de droit. Rencontrant, Julie Racoffier quelques jours après le crime, à la Fontaine de Périgné, la jeune fille lui dit à demi-mots que si elle "racontait à la justice et disait la vérité sur ce qui s'était passé chez la femme Monthubert, ils la battraient".
- Jeanne Texereau, âgée de 59 ans, sans profession, demeurant au Magnou.
- Marie Debenest, veuve Cordier, âgée de 38 ans, journalière, demeurant audit lieu, en parlant à son père aux charges de droit. Elle rencontre Julie Racoffier après la plainte déposée auprès du maire, qui lui avoue que les trois hommes ne lui avaient fait aucun mal, qu'ils ne l'avaient que draguet et plaisanter chez la femme Monthubert.
- et Jean Latreille, âgé de 27 ans, maçon demeurant au Breuil-Margot de Savigné, en parlant à sa femme, aux charges de droit. Ami de l'accusé Bertrand, il l'engage à faire un arrangement avec Julie Racoffier. Ne se sentant pas coupable, Bertrand accepte et ils se rendent, en compagnie de M. Coudert-Prévignaud, auprès de Julie Racoffier. Celle-ci regrette la tournure des évènements, n'ayant été incité que par Jean Texereau, le jardinier, et sa femme, et consent à l'arrangement, moyennant 20 francs demandés à Bertrand. Jean Latreille persuade la jeune fille d'engagea ce même accord avec Gayout et Mauduit. Toutefois, pour ce dernier, Julie demande une plus fort somme. Des trois qui lui avaient fait des attouchements, "Bertrand était le moins coupable et Mauduit était un vieux salaud".
- Jacques Mauduit, accusé, est-il coupable d'avoir, le 26 novembre 188, dans la commune de Savigné, commis un attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violence, sur la personne de Julie Racoffier ? La réponse est non.
- Pierre Bertrand, accusé, est-il coupable d'avoir, le 26 novembre 188, dans la commune de Savigné, commis un attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violence, sur la personne de Julie Racoffier ? La réponse est non.
- Jean Gayoux, accusé, est-il coupable d'avoir, le 26 novembre 188, dans la commune de Savigné, commis un attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violence, sur la personne de Julie Racoffier ? La réponse est non.
Journal de la Vienne, 11 juin 1849 |
Ainsi, les rumeurs, les revirement de Julie Racoffier, sans nulle doute soumise à la pression et aux menaces, qui disculpe puis accuse, les témoins partie prenante à charges ou à décharges, servant des intérêts autres, autant d'éléments qui font douter le jury.
Les trois hommes sont ainsi acquittés sur le champ.
Jacques Mauduit, né le 17 nivôse de l'an V à Saint-Pierre-d'Exideuil, était le fils de Jacques et d'Anne Bouchet. Il avait épousé, le 5 février 1818, à Savigné, Magdeleine Thenaud, et mourut chez lui, au Magnou, le 28 juin 1861, à l'âge de 62 ans.
Jean Gadioux (alias Gayoux), fils de René, cultivateur, et de Marguerite Nautré, naquit le 4 octobre 1831 aux Coudrais de Civray. Cultivateur, il épousa, le 10 juillet 1856, à Civray, Marie-Simone Galois, servante à Civray, fille de Louis et de Marie Bouroumeau.
Pierre Bertrand, né le 4 avril 1828 à Savigné, était le fils de Pierre et de Marie Morichaud.
Sources : Archives départementales de la Vienne (2U1590).
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