Lors d'un repas, j'évoquai avec mon frère l'existence d'un moulin sur le site de Périgné (commune de Savigné, Vienne), qui me déclara ne pas y croire. Enfin, on s'était lancé dans une discussion dans laquelle ni lui ni moi n'en savions grand chose, paradoxale situation où nous nous apercevions que l'on ne connaît pas si bien que ça les lieux où nous avons grandi. Si j'avais regardé attentivement la carte IGN avant, j'aurais pu apporter la preuve qu'il y avait bien eu un moulin à cet endroit.
Périgné est une aire de loisirs, situé en contre-bas de la départementale 148 et aux abords de la rive droite de la Charente. D'après mes souvenirs, on y trouvait de vieux terrains de boules, quelques bancs pour picniquer, des vieux pêcheurs, etc. Depuis quelques années, cependant, un aménagement de l'aire a été réalisé pour le rendre plus agréable, même si on y trouve encore des terrains de boules, des bancs pour picniquer et toujours les vieux pêcheurs...
Terrain de boules | Entrée de la Grotte de la Fontaine |
C'est par Périgné qu'on accède aux célèbres grottes de Chaffaud. Ce sont ces fameuses grottes, les premières à avoir été scientifiquement fouillés, que André Brouillet, alors notaire de Charroux, découvrit vers 1834. Après cette date, il entreprit de repérer et collectionner les vestiges qui y seront découverts, dont le célèbre os de rennes, plus ancienne oeuvre d'art humaine connue :
Le fameux os est confié au musée de la Préhistoire de Saint-Germain-en-Laye. Les fouilles dureront pendant tout le reste du XIXe siècle, par André Brouillet fils, aidé par M. Meillet. Brouillet publie ses découvertes sous le titre de l'Epoque antédiluviennes et celtique du Poitou en 1865 (p. 14 et suivantes). Pour plus de détails, voir le très bon site de Gérard Minault, ainsi que le blog de Jean-Michel Leuvrey.
Enfin bref, là n'est pas le propros.
J'évoquai, lors de la recherche de mon lien de parenté avec notre cher et flegmatique président, notre ancêtre en commun Gabriel Broussard. J'ai découvert, en farfouillant dans les liasses notariales de Civray, un acte en date du 10 mars 1693, reçu par Pascault, dans lequel Pierre Cartier, écuyer, sieur des Chaumes, conseiller du roi et juge magistrat au siège royal de Civray, afferme des pièces de terre sises à Périgné, à Gabriel et Jean Broussard, père et fils, meuniers au moulin de Périgné.
Autant vous dire tout de suite, je me suis rendu des milliers de fois à cet endroit dans mon enfance, le plus souvent pour des balades au fil de l'eau, bien loin de m'intéresser à d'antiques pierres. J'étais donc bien loin d'imaginer qu'un moulin avait pu être établi à cet endroit.
Il existe une île dans la Charente, reliée par des passerelles, et c'est donc à cet endroit que le bâtiment avait été fondé :
Il existe une île dans la Charente, reliée par des passerelles, et c'est donc à cet endroit que le bâtiment avait été fondé :
Extrait du cadastre Napoléon, section G1, établi par M. Brissonet, géomètre, 1829 |
Actuellement, voilà ce que nous donne l'extrait cadastral :
Ayant fait un saut sur le site, étant de passage à Savigné, je me suis aperçu que l'extrait cadastral ne reflétait pas vraiment la réalité.
Le plan ci-dessus montre plusieurs îlots : en vérité, Périgné n'est formé que d'une seule île, les chenaux ayant été sans nulle doute comblés. Les deux écluses, indiquées sur le cadastral Napoléon et le cadastre actuel n'existent plus : on les retrouve sous les passerelles, dont l'emplacement a été conservé (elles sont toutefois plus récentes que le XVIIe siècle !).
Voici quelques photos :
En faisant le tour de l'île, j'ai plus ou moins repéré l'emplacement du moulin, eh ben, il n'y restait pas grand chose. Quelques pierres maçonnées sont visibles au sol, recouvertes par une pellicule herbeuse.
Une petite émotion, donc, de connaître le lieu où ont vécu au moins deux de mes ancêtres, Gabriel et Jean Broussard, père et fils...
D'après Brouillet, dans l'Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civray, 1865, le moulin de Périgné est très ancien. Dans des pièces relatives à l'abbaye de Charroux, conservés aux archives de Poitiers, on recense un acte de mars 1253, suivant lequel Pierre Vital, fils de feu Jacques Vital, et Luce, sa femme, vendent à ladite abbaye, tous les droits qu'ils avaient sur un pré situé près de la Charente, près du moulin de Pairigné, pour le prix de 25 livres de monnaie usuelle. Était scellé des sceaux des archiprêtres de Savigné et d'Ambernac.
Un siècle plus tôt, Aimeri Boce (Aimericus Boca) était cité dans le don du moulin de Périgné, fait à Montazay, vers 1150, par plusieurs gentilhommes du pays.
L'étude de l'état civil et des recensements de Savigné permet de reconstituer la généalogie récente de ce moulin :
1754 – René Gillot, né vers 1695, fils de Joseph et de Jeanne Fayoux. Il épousa, le 5 juillet 1728, à Savigné, Marie Moreau, fille de Jean et de Jeanne Lucquiaud, née vers 1701 et inhumée le 6 décembre 1701. En secondes noces, il épousa, le 11 juillet 1729, toujours à Savigné, Françoise Chopin, baptisée le 8 décembre 1705 à Savigné, fille de Jean et de Françoise Rivaud. Il était meunier à Périgné lors du contrat de mariage de sa fille Marie. Ils furent inhumés respectivement le 30 décembre 1758 et le 27 février 1755, laissant :
1788-1800 – Jean Texereau, fils d’Antoine et de Marie Gilot, fut baptisé le 11 octobre 1763 à Savigné. Il épousa, le 14 février 1787, Louise Pautrot, fille de Jean et d’Anne Bouchet. Il fut meunier au moulin de Périgné, au moins dès le baptême de son premier enfant, en 1788 et l’était toujours à la naissance de son dernier, en 1800.
1799-1832 – Louis Texereau, fils d’Antoine et de Marie Gilot, fut baptisé le 25 février 1766 à Savigné et y mourut le 17 août 1832. Il épousa, le 18 janvier 1785, Marie Lucquiaud, née vers 1765 et décédée le 16 thermidor de l’an VII (3 août 1799). En secondes noces, il épousa, le 29 nivôse de l’an X, Jeanne Boutinot, née le 26 avril 1763 au Bouchage (Charente). Du premier lit, il eut :
Le plan ci-dessus montre plusieurs îlots : en vérité, Périgné n'est formé que d'une seule île, les chenaux ayant été sans nulle doute comblés. Les deux écluses, indiquées sur le cadastral Napoléon et le cadastre actuel n'existent plus : on les retrouve sous les passerelles, dont l'emplacement a été conservé (elles sont toutefois plus récentes que le XVIIe siècle !).
Voici quelques photos :
Vue des berges de l'aire de loisirs et de l'île | Vue des deux passerelles |
En faisant le tour de l'île, j'ai plus ou moins repéré l'emplacement du moulin, eh ben, il n'y restait pas grand chose. Quelques pierres maçonnées sont visibles au sol, recouvertes par une pellicule herbeuse.
Une petite émotion, donc, de connaître le lieu où ont vécu au moins deux de mes ancêtres, Gabriel et Jean Broussard, père et fils...
D'après Brouillet, dans l'Indicateur archéologique de l'arrondissement de Civray, 1865, le moulin de Périgné est très ancien. Dans des pièces relatives à l'abbaye de Charroux, conservés aux archives de Poitiers, on recense un acte de mars 1253, suivant lequel Pierre Vital, fils de feu Jacques Vital, et Luce, sa femme, vendent à ladite abbaye, tous les droits qu'ils avaient sur un pré situé près de la Charente, près du moulin de Pairigné, pour le prix de 25 livres de monnaie usuelle. Était scellé des sceaux des archiprêtres de Savigné et d'Ambernac.
Un siècle plus tôt, Aimeri Boce (Aimericus Boca) était cité dans le don du moulin de Périgné, fait à Montazay, vers 1150, par plusieurs gentilhommes du pays.
L'étude de l'état civil et des recensements de Savigné permet de reconstituer la généalogie récente de ce moulin :
1754 – René Gillot, né vers 1695, fils de Joseph et de Jeanne Fayoux. Il épousa, le 5 juillet 1728, à Savigné, Marie Moreau, fille de Jean et de Jeanne Lucquiaud, née vers 1701 et inhumée le 6 décembre 1701. En secondes noces, il épousa, le 11 juillet 1729, toujours à Savigné, Françoise Chopin, baptisée le 8 décembre 1705 à Savigné, fille de Jean et de Françoise Rivaud. Il était meunier à Périgné lors du contrat de mariage de sa fille Marie. Ils furent inhumés respectivement le 30 décembre 1758 et le 27 février 1755, laissant :
- Marie, baptisée le 24 août 1730 à Savigné, épousa Antoine Texereau, qui suit,
- et Jacques, baptisé le 21 juillet 1733 à Savigné, qui épousa, le 4 février 1754, au dit lieu, Jeanne Allin, fille de Jean et de Louise Chauveau.
- Antoine, baptisé le 5 septembre 1759 et inhumé le 28 septembre 1771,
- un autre Antoine, baptisé le 1er décembre 1760,
- Marie, née vers 1763 et décédée le 17 septembre 1825 à Civray, avait épousé, le 26 février 1781, à Savigné, Pierre Guinot, fils de Pierre et de Marie Dampuré. C’est à cette date que son père Antoine est désigné comme meunier à Périgné pour la première fois, bien qu’il le fut certainement dès la mort de son beau-père (en 1758),
- Jean, qui suit,
- Louis, qui suit,
- Jean, baptisé le 13 avril 1768 et inhumé le 10 septembre 1768.
1787 –
Pierre Roux, lors du baptême de son fils Étienne, le 7 avril 1787 à Savigné,
est dit meunier de Périgné.
1799-1832 – Louis Texereau, fils d’Antoine et de Marie Gilot, fut baptisé le 25 février 1766 à Savigné et y mourut le 17 août 1832. Il épousa, le 18 janvier 1785, Marie Lucquiaud, née vers 1765 et décédée le 16 thermidor de l’an VII (3 août 1799). En secondes noces, il épousa, le 29 nivôse de l’an X, Jeanne Boutinot, née le 26 avril 1763 au Bouchage (Charente). Du premier lit, il eut :
- Jean, baptisé le 5 décembre 1785 et inhumé le 26 janvier 1788,
- Marie, baptisée le 31 décembre 1787,
- Magdeleine, baptisée le 15 avril 1789 à Savigné et inhumée le 1er octobre 1790,
- Louis, qui suit,
- et Julie, née le 19 décembre 1793 à Savigné et morte le 28 avril 1831 à Saint-Saviol, avait épousé, le 22 novembre 1813, à Savigné, François Baudinot, cultivateur, né vers 1784.
- Louis, qui suit,
- Jeanne, née le 24 février 1824 à Savigné,
- Marie, née le 27 septembre 1826,
- Magdeleine, née le 22 juin 1829,
- et Joseph Jérôme, né le 6 février 1832 et mort le 8 septembre de la dite année.
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