Laissez-moi vous présenter ces personnages, présents sur cette photo, aimablement transmise par M. Pierre. Il s'agit des conscrits de l'année 1915 de la commune : jeunes hommes de 20 ans, ils vont directement participer au conflit. Sur les 10, 3 d'entre eux ne reviendront pas.
Cette photo ne présente que 9 de ces garçons. Pierre-Auguste Lebon, grand-oncle de l'épouse de M. Pierre, est identifié au second rang à gauche.
La fille de Jean-Auguste Rivaud pense reconnaître son père au premier rang à gauche (et je la remercie ainsi que sa petite-fille).
Pour mieux les connaître, voici leurs biographies succinctes. Je suis tout à vous pour apporter des compléments, ainsi que des photos ou des anecdotes sur ces hommes.
Emile Louis Armand DUBOUX, né le 13 mai 1895 à Savigné, est le fils a priori unique de Louis et d’Henriette Audouin. Il est inscrit au registre matricule sous le n°93, bureau de Poitiers est incorporé le 17 décembre 1914 au 107e régiment d’infanterie en qualité de soldat 2e classe. Soldat de 1ère classe le 12 avril 1915, puis passe au 50e régiment d’infanterie le 26 septembre suivant, où il est nommé caporal le 16 août 1916, et enfin passes au 21e régiment d’infanterie le 11 décembre suivant. Nommé sergent le 24 juillet 1917, il est maintenu au service armé et proposé pour changement d’armes (artillerie montée) par la commission de réforme de Montpellier du 29 novembre 1918, pour « osteïte extrémité externe clavicule gauche » (blessure de guerre). Quelques temps après, le 26 avril 1919 à Civray, il épouse Aimée Armandine Durepaire. Envoyé en congé illimité de démobilisation à Langres, rue Henri Dunant, n°4, le 8 septembre 1919 par le 21e régiment d’infanterie. Maintenu au service armé, il est jugé inapte à l’infanterie et est proposé pour changement d’armes, de préférence section de COA (commis et ouvriers d’administration), puis pour pension temporaire 10% pour « légère gêne fonctionnelle de l’épaule gauche suite fracture de la clavicule par schrapnell, cicatrice fistuleuses par intermittence au milieu du col », par décision de la commission de réforme de Langres du 13 avril 1921. Classé dans une section de COA, par décision du colonel commandant la 1ère subdivision de la 21e région du 25 avril 1921. Il s’installe à Épinal, 10, quai des Bons Enfants, le 12 juillet 1932, et est affecté à la 23e section de COA puis classé sans affectation le 15 avril 1933, puis au CM artillerie 60 le 15 avril 1933, et enfin au CM d’infanterie 205 le 1er janvier 1935. Il est condamné par jugement contradictoire du tribunal correctionnel de Mirecourt du 31 octobre 1934, à 30 francs d’amende et aux dépens, pour blessures par imprudence commis le 5 août précédent. Le 9 mars 1938, il s’installe à la Roche-sur-Yon, 78, rue des Sables.
Maurice HENOT, né le 4 avril 1895 à Charroux, est le fils de Valentin et de Marguerite-Antoinette Gagnadoux. Cultivateur à Chez Rantonneau, il est inscrit dans les registres matricule sous le numéro 112. Incorporé à compter du 17 décembre 1914 dans le 68e régiment d’infanterie – tout comme Lebon, il passe ensuite au 4e bataillon des chasseurs à pied le 18 mai 1915 en partant au front. Il est tué à l’ennemi au combat de la butte du Mesnil à la rivière La Dormoise (combat de la Dormoise), à Minaucourt-le-Mesniel-lès-Hurlus (Marne). Son décès est transcrit sur les registres d’état-civil de Savigné en date du 24 février 1917.
Pierre-Auguste LEBON, né le 12 juin 1915 à Savigné, est le fils de Pierre et de Marie-Anne Vaux. Cultivateur, il est incorporé le 17 décembre 1914 dans le 68e régiment d’infanterie – tout comme Hénot – et part aux armées le 22 avril 1915. Il passe au 113e régiment d’infanterie le 7 septembre 1915 et est tué à l’ennemi le 9 juin 1918 à 500 m à l’ouest de la station du Haut-Matz (Oise). Son avis de décès est établi par le ministère de la guerre le 15 juillet 1918, qui est transcrit sur les registres d’état-civil de Savigné le 2 décembre suivant.
Germain-Pierre PARADOT, né le 27 septembre 1895 à Champniers, est le fils de Louis-Alexandre et de Madeleine Peningaud. Conscrit de 1915, il est cultivateur à Vergné quand il est appelé, et il est incorporé à compter du 17 décembre 1914 au 114e régiment d’infanterie – inscrit dans le registre matricule sous le n°132. Envoyé aux armées le 24 avril 1915, il est évacué malade le 6 mars 1916 et reste au dépôt le 27 juillet. Renvoyé aux combats le 25 novembre, il est de nouveau évacué blessé par éclats d’obus à Méry le 13 juin 1918. Soldat de grande bravoure, il est cité pour avoir, le 7 novembre 1918, contrebattu une mitrailleuse ennemie qui gênait la progression et a facilité la reprise de la marche en avant. Il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 15 septembre 1919 par le 125e régiment d’infanterie. Il est maintenu en service armée, avec invalidité inférieure à 10%, par décision de la commission de réforme de Poitiers du 6 avril 1920. Peu après, le 6 juillet 1921, à Saint-Martin-l’Ars, il épouse Marie Bégouin. Résidant à Saint-Pierre-d’Exideuil en 1923, il est affecté au centre de mobilisation d’infanterie n°92 le 1er mai 1929, puis passe à la 9e section d’infirmiers militaires le 1er mai 1930. Il est placé dans la position « sans affectation » le 15 avril 1933, puis classé dans la dernière classe de la 2e réserve, le 13 décembre 1934, étant père de 4 enfants. Le 16 novembre 1937, il réside à Montplaisir, commune de Civray. Il est mort le 27 octobre 1978 à Saint-Pierre-d’Exideuil.
Marcel-Pierre PRESSAC, né le 6 avril 1895 à Savigné, est le fils d’Hilaire, alors maçon à Marigné, et de Marie Bordier. Conscrit de 1915, il est maçon à Savigné lorsqu’il est inscrit dans les registres matricule, sous le n°135. Ajournée en 1914 et en 1916 pour « faiblesse », il est considéré bon pour le service armé par décision de la commission de réforme de Poitiers le 26 mai 1917 et est incorporé au 125e régiment d’infanterie, à compter du 3 septembre suivant. Du 9 au 30 mars 1918, il entre à l’hôpital de Loudun pour oreillons, puis à partir du 7 juillet pour mal de Pott. Réformé temporairement le 12 du même mois, pour mal de Pott dorso-lombaire — cette maladie ne paraissant pas avoir été contracté ou aggravée par le service. Il est rayé des contrôles le lendemain et est maintenu réformé par décision de la commission spéciale de Poitiers du 18 octobre 1918, réforme renouvelée par la même commission le 3 juin 1919. Il épouse, le 28 avril 1920, à Savigné, Clémence Joséphine Texier, fille de Charles et de Joséphine Boutin. L’année suivante, il est proposé pour pension temporaire avec invalidité de 30%, le 24 juin 1921, pour « séquelles de mal de Pott dorsal, raideur du rachis, diminution respiratoire légère au sommet droit », puis pour pension permanente du 31 mars 1922. Enfin, par le CR de Tours du 16 novembre 1937, il est soumis pour pension permanente avec invalidité de 100% pour tuberculose pulmonaire confirmée avec respiration obscure du sommet gauche, soufflant au sommet droit et dans un mauvais état général, et pour séquelles du mal de Pott ancien dans la région dorsale et gène dans les mouvements du tronc. Installé à Saint-Pierre-d’Exideuil le surlendemain, il y meurt le 17 juillet 1938.
Pierre Eugène PROVOST, né le 20 décembre 1895 à Savigné, est le fils de Pierre et d’Amélie Mercier. Inscrit au registre matricule sous le n°137, il est incorporé le 17 décembre 1914 au 32e régiment d’infanterie – comme Seys. Il est évacué blessé le 1er avril 1915, puis part en renfort le 15 avril, avant d’être recruté au dépôt le 8 juillet suivant. Passé au 66e régiment d’artillerie le 16 mai 1916. Il sera cité pour avoir fait preuve « d’un beau dévouement au cours des bombardements des 19 et 22 juillet 1917 en portant secours à ses camarades blessés avec une abnégation et un courage remarquables ». Il est évacué malade le 19 décembre 1917. Parti en renfort le 19 janvier 1918, il est nommé caporal le 1er mai suivant. Fait prisonnier à Resson, il est interné au camp de Soldan du 10 juin au 26 novembre 1918. Libéré, il passe au 125e régiment d’infanterie le 28 décembre 1918. Passé au 68e régiment d’infanterie le 15 juin, il est placé en sursis d’appel du 25 août au 20 octobre 1919 — il est envoyé en congé illimité de démobilisation à Savigné, le 17 septembre 1919, et passe à la classe 1913 de mobilisation. C’est peu après, le 5 novembre 1919, qu’il épouse à Savigné, Madeleine Marguerite Gibier, fille de Léon et de Virginie Mélina Jay (morte le 13 avril 1987 à Savigné). Placé dans la position dite « sans affectation » le 1er avril 1930, il est maintenu au service armé avec incapacité inférieure à 10% imputable par le CR de Tours du 5 avril 1934 pour « reliquats de blessure de la jambe droite, cicatrice gaufrée à la face interne du tibia au 1/3 moyen, pas de suppuration actuelle, pas de gêne de mouvement, exostose du tibia dans sa moyenne ». Affecté au centre de mobilisation d’artillerie n°9 le 15 avril 1935, puis au 91e régiment régional le 15 janvier 1938. Rappelé à l’activité le 27 août 1939, il est classé affectation spéciale pour une durée indéterminée au titre de la maréchalerie Provost à Marigné, commune de Blanzay, comme patron maréchal.
Jean-Auguste RIVAUD, né le 5 février 1895 à Genouillé, est le fils de Jean-Auguste et de Marie Grimaud. Il est cultivateur au village de Chez Chauveau en 1915, il est inscrit sous le numéro 138 dans les registres matricule. Incorporé le 6 septembre 1916 dans le 113e régiment d’infanterie, il passe au 203e le 21 décembre 1917. Il est évacué blessé le 10 avril 1918, ayant été blessé la veille (plaie en séton à la jambe droite par éclats d’obus), puis part en renfort dans le 19e régiment d’infanterie le 29 juillet 1918. Il passe dans le 62e régiment d’infanterie de Lorient le 16 février 1919 puis est démobilisé le 15 septembre 1919. On dit de lui qu’il est un « très bon soldat » qui « s’est pariculièrement distingué dans les derniers combats de la Meuse ». Il épouse, le 30 juin 1928, à Savigné, Juliette Caille. Affecté au centre de mobilisation du génie n°6 Angers, le 1er mai 1929, il est placé dans la position dite « sans affectation » le 9 décembre 1930, étant père de 3 enfants. Il meurt le 24 février 1948 à Savigné.
Léandre-Maximin ROUCHER, né le 9 mai 1895 à Savigné, est le fils de Louis et de Marie Chauveau. Cultivateur à Villeneuve, il est dans un premier temps ajourné pour faiblesse en 1914. Il est inscrit dans les registres matricule de la première partie de la classe 1915 sous le numéro 140 et incorpore le 68e régiment d’infanterie à compter du 8 septembre 1915. Il passe au 6e régiment du génie le 3 septembre suivant, puis au 2e régiment du génie le 21 décembre 1916. Après la guerre, il revient dans les rangs du 6e régiment du génie, le 2 décembre 1918, puis incorpore e 4e régiment du génie le 3 février 1919. Il est envoyé en congé illimité de démobilisation à Savigné, le 5 septembre suivant, avec certificat de bonne conduite accordée. Il épouse, le 12 septembre 1921, à Saint-Pierre-d’Exideuil, Madeleine Pradeau, puis habite à Blanzay en 1922, où il passe à la classe 1913 de mobilisation par article 58 de la loi du 1er avril 1923. Il y vit encore en 1928. Le 1er mai 1931, il est placé dans la position dite « sans affectation », puis classé dans la classe 1911 le 24 septembre 1938, étant père de 2 enfants vivants. Il habite alors à la Chapelle-Bâton.
Henri SEYS, né le 22 décembre 1895 à Payroux, est le fils d’Henri-Alexandre et de Françoise Degorce. Il est cultivateur à Savigné lorsqu’il est inscrit dans les registres matricule sous le numéro 146, classe 1915. Il incorpore le 32e régiment d’infanterie le 17 décembre 1914 – tout comme Provost, puis passe au 9e bataillon mobile du 66e régiment d’infanterie le 7 mai 1915. Il est porté disparu le 16 juin 1915 à la cote 140 entre Neuville-Saint-Vaast et Souchez. Son décès est fixé à cette date par jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de Civray, en date du 2 juin 1921.
Louis Delphin VIAUD, né le 18 juillet 1895 à Champniers, est le fils de Jean-Alexandre et de Flavie Dezouche. Conscrit de 1915 – maréchal-ferrant à Champagné-Lureau – puis inscrit sous le n° matricule 153 de la classe 1915, il est incorporé à compter du 17 décembre 1914, et il arrive au corps le lendemain en tant que 2e classe. Il est aux armées, dans le 33e régiment d’artillerie le 2 septembre 1915, puis passe au 12e régiment d’artillerie le 19 septembre 1916, et enfin au 249e régiment d’artillerie le 1er avril 1917. Il est envoyé en congés illimités de démobilisation à Savigné le 9 septembre 1919 pour le 20e régiment d’artillerie de campagne à Poitiers. Marié le 14 janvier 1920 à Savigné à Alexandrine Valérie Paradot, fille de Pierre et d’Alexandrine Bernardeau, il est passé à la classe 1913 de mobilisation puis placé sans affectation le 1er mai 1931. Il est affecté au 9e BOA le 5 mai 1934. Il est mort le 29 août 1939 à Saint-Macoux, où il vit depuis au moins le 19 décembre 1923.